Publié

La transe rock salutaire et captivante de One Sentence. Supervisor

One Sentence. Supervisor. [Irascible Records - Philippe Bodinger]
La transe salutaire de One Sentence Supervisor / Vertigo / 8 min. / le 5 décembre 2019
Le groupe originaire de Baden One Sentence. Supervisor compte parmi les formations les plus intéressantes de la scène musicale suisse actuelle. Leur nouvel album, "Acedia", qu'ils présentent samedi soir à Genève, mêle rock répétitif, musique arabe et pop décalée.

"Acedia", leur nouvel album, fait référence à l'acédie, un terme inventé par les moines d'Egypte pour qualifier un manque de tonus de l'âme, une sorte de paresse et torpeur existentielle.

Une maladie qui fait écho à l'éco-anxiété, cette angoisse climatique qui frappe toujours plus de personnes tétanisées par un monde qui part en vrille. "C'est un sentiment que je ressens très fortement actuellement. C'est lié à l'état du monde et je pense que je ne suis pas le seul à le percevoir. Je crois que la musique et l'art en général sont un antidote à cet état. Ce sont parmi les rares domaines de la société qui ne sont pas complètement capitalisés, inféodés totalement à la logique du marché. Ce sont des espaces de création qui permettent de briser le quotidien qui nous érode. C'est un moyen de sortir de notre orbite le temps d'un concert ou d'un spectacle", précise à la RTS Donat Kaufmann, chanteur et guitariste de One Sentence. Supervisor.

One Sentence. Supervisor s'est d'abord signalé aux amateurs de rock en 2016 avec "Temporär Musik 1-13", une collection de morceaux qui flirtaient tant avec le rock allemand des années 1970, le krautrock, qu'avec la musique psychédélique.

Orientalisation musicale

Le quatuor tourne un peu partout en Europe et s'était notamment distingué aux Transmusicales de Rennes. Ils jouaient alors avec le joueur d'oud virtuose Bahur Ghazi qui depuis a rejoint le groupe, tout comme la batteuse Sarah Palin. Et logiquement, le son de One Sentence. Supervisor s'est orientalisé.

On peut ainsi parler de nouveau départ pour le groupe de Baden, comme le confirme à Donat Kaufmann: "Je trouve que ça a apporté définitivement une nouvelle dynamique (...) Tant sur le plan humain que musical, ces deux arrivées ont apporté du neuf, enrichi le groupe sur le plan musical (...) Notre collaboration est actuellement passionnante".

Le rock de One Sentence. Supervisor partage avec la musique arabe le principe de répétition: "J'aime aussi beaucoup la répétition parce qu'elle est reliée à l'idée du rite, à la spiritualité, au religieux, mais elle n'implique pas un contrôle, elle est moins manipulatrice et laisse beaucoup de liberté. Mais elle a aussi cette dimension aliénante que j'apprécie parce que la musique est pour moi un espace de fuite". 

La formation continue en tout cas de faire preuve d'une intelligence rare dans son répertoire en s'emparant des débats actuels, jouant à la fois sur nos peurs, nos espoirs et ce sentiment d’impuissance face aux grands changements sociétaux actuels.

Interview: Michel Masserey

Adaptation web: Olivier Horner

One Sentence. Supervisor en concert à La Gravière, Genève, sa 7 décembre à 21h.

Publié