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"Never Gonna Give You Up", l'histoire derrière le succès fou de Rick Astley

Rick Astley au concert iHeart80s en Californie en 2017. [GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP - Tim Mosenfelder]
La machine à remonter le son: Rick Astley - Never gonna give you up / La Machine à remonter le Son / 10 min. / le 5 décembre 2019
De son succès en 1987 avec "Never Gonna Give You Up" au "Rickrolling" de la fin des années 2000, en passant par le relancement de la carrière du chanteur anglais, retour sur l'histoire d'une chanson aussi kitsch que mythique.

En 1987, un attentat à la voix pleine de purée est commis en plein cœur du Royaume-Uni et déborde sur l'Europe entière. Personne ne peut échapper à cette épidémie pop; une sorte de viol collectif des oreilles les plus pures, perpétré par un individu aux cheveux roux, vêtu d'un pardessus beige, d'un col roulé noir, d'un pantalon à pinces et de mocassins à glands. Cet homme, c'est Rick Astley, 21 ans.

Un succès aussi bref que fulgurant

Rick Astley était, avec ce titre, numéro un dans 25 pays. Cela représente 12% de la planète. Il a donc conquis, sans avoir besoin d'une armée, les oreilles de plus d'une personne sur dix autour du globe en 1987, alors qu'internet n'existait pas encore.

Il faut dire que derrière le hit "Never Gonna Give You Up" se cache le trio de producteurs Stock, Aitken et Waterman. Spécialisés dans la dance et le disco et armés de leur boîte à rythmes Linn Drum, ils sont à l'origine des hits de la drag queen Divine, du légendaire "You Spin Me Round" de Dead or Alive, ou encore de "Venus" interprété par le groupe Bananarama. Ce sont eux qui ont aussi lancé la carrière de Kylie Minogue, entre autres stars des années 1980.

Leur technique est simple et efficace: d'abord Stock, Aitken et Waterman composent ensemble les titres, puis ils choisissent à quels artistes ils les attribuent, les artistes étant bien sûr interchangeables. Le trio avance donc son pion le plus ultime: Rick Astley. Le succès est fulgurant, mais le chanteur retombe presque aussitôt dans l'oubli général. Malgré tous ses efforts, aucun autre single ou album ne provoquera l'effet de surprise de "Never Gonna Give You Up".

La (re)naissance du rickrolling

"Never Gonna Give You Up" connaît pourtant une deuxième jeunesse dès 2007, soit un an avant la sortie du jeu vidéo "GTA IV". Alors que la première bande-annonce est sur le point d'être révélée sur le site internet de l'éditeur du jeu Rockstar Games, le serveur sature et le site devient inaccessible.

Cela désole Rettocs, un utilisateur adepte du forum en ligne 4Chan. Alors que tout le monde attend, pour rigoler et faire de la pub pour sa chaîne YouTube, il poste sur le forum un message disant qu'il a trouvé un lien vers la fameuse bande-annonce. En cliquant sur son lien, les internautes tombent en réalité sur la vidéo de Rick Astley: le phénomène du rickrolling est né. La blague est bien bonne, tous les gamers font de même: le lien est démultiplié.

Petit à petit, le rickrolling devient viral. Désormais, tout le monde sur internet se pique au jeu et poste de faux liens renvoyant n'importe quoi sur le clip de Rick Astley avec en général cette phrase: "You've just been rick rolled", "Vous venez de vous faire rick roller".

Une carrière qui redémarre

La vidéo de Rick Astley compte aujourd'hui plus de 627 millions de vues sur YouTube. Et la chaîne de Rick Astley compte quant à elle 4,3 millions d'abonnés.

Il semblerait que la blague de Rettocs ait ramené la chanson de Rick Astley sous les feux des projecteurs. Mais pourquoi a-t-il choisi une chanson de Rick Astley? Lorsqu'on lui pose la question, le youtubeur avoue qu'il a choisi au hasard: il voulait quelque chose de décalé, et il a pioché dans une liste de hits de 1987, son année de naissance.

Rick Astley, qui a aujourd'hui plus de 50 ans, se porte très bien. Sa carrière musicale a redémarré – il a même chanté avec les Foo Fighters – et il a toujours très bien pris la plaisanterie dont son clip était le centre. Son seul souci, c'est qu'il ne souhaite pas embarrasser sa fille avec ce titre qu'apparemment lui-même trouve un peu mielleux. D'un autre côté, on ne crache pas dans la soupe et le chanteur a sagement joué le jeu de l'auto-dérision.

Il aussi compris que son titre était devenu un classique et en a profité pour nous en mettre plein les oreilles avec une version au piano, un peu plus mélancolique. Elle est extraite de "The Best of Me", album paru en octobre 2019.

Chronique radio: Ellen Ichters

Adaptation web: Myriam Semaani

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