C'est dans le cadre du Festival de Prades, en France, qu'Arthur Grumiaux fait la connaissance de Clara Haskil. Les deux artistes se reconnaissent immédiatement. Ils ont commun leur façon de jouer. Grumiaux est attentif aux plus petites choses, accorde de la valeur à chaque détail.
Clara Haskil partage cette conception, pas de grands contrastes mais un raffinement extrême dans les plus petites nuances, les teintes les plus délicates, les plus légères.
Arthur Grumiaux et Clara Haskil. [MW éditions]
Par la suite, Arthur Grumiaux vient souvent lui rendre visite dans sa maison de Vevey, au bord du lac Léman. Avant de sonner chez elle, il passe systématiquement dans une pâtisserie et ramène un grand nombre de gateaux.
Et quand on lui demande comment se déroule leur répétition, il répond avec un sourire désarmant et une moue gourmande qu'ils aiment bien manger des gâteaux.
En 1956, la lettre qu'envoie la pianiste à l'épouse d'Arthur Grumiaux, Amanda, si elle fait état de son sens critique, trahit surtout son émotion et sa modestie.
"Chère amie,
(...) Vous savez depuis longtemps combien votre amitié à tous deux me tient à coeur et la joie immense que j'ai toujours à faire de la musique avec Arthur. C'était un souhait secret depuis des années, et si un festival de Casals, à Prades, ne nous avait réuni cette fois-là, peut-être jamais cette joie ne m'aurait été donnée! (...)
Arthur vous dira, avant que cette lettre ne vous parvienne, que nos enregistrements ont été faits en un record de vitesse. (...) Mes disques ne me font pas plaisir - il s'en faut de beaucoup -, mais ceux avec Arthur, je les écoute avec émotion.
Je me réjouis beaucoup de vous revoir."
Clara Haskil et le violoniste Arthur Grumiaux à Paris en 1957 ou 1959. [Henri Guilbaud - Fonds Clara Haskil, BCU Lausanne]