Publié

Le rappeur Stress révèle ses doutes et introspections dans "Sincèrement"

Le rappeur suisse Stress en plein enregistrement dans sa maison zurichoise, en octobre 2017. [RTS - Arnaud Robert]
Paradiso / 56 min. / le 11 octobre 2019
Le rappeur romand Stress revient avec "Sincèrement". Un huitième album en forme d'introspection qu'il a conçu patiemment dans sa maison aux abords de Zurich. Il y évoque sans fard ses doutes, sa dépression, ses désirs de mort.

"Sur mes deux derniers albums, j'ai l'impression que je me suis perdu. Sur mon dernier disque, j'avais même l'impression que je m'étais caché, jusque sur la pochette où j'avais un masque. C'était plus moi. Maintenant, c'est autre chose, je me livre pleinement. C'est moi", annonce Stress à la RTS.

Avant même que l'album se nomme "Sincèrement" et soit orné d'une lame de rasoir, le rappeur romand Stress se montre déjà lucide sur les propos qui constitueront son retour discographique. Dans sa maison aux abords de Zurich qui fait office de studio d'enregistrement depuis l'automne 2017, il scande ses nouvelles strophes introspectives alors que le multi-instrumentiste Gabriel Spahni, membre du groupe Pegasus, veille sur les sons et les mélodies.

Anders Anderson, alias Stress, Estonien d'origine, devenu relève du hip-hop romand au sein de Double Pact avant de se muer en solo ambassadeur d'une Suisse tolérante avec ses retentissantes diatribes anti-Blocher, a choisi de se reconstruire patiemment une identité en textes et musiques chez lui.

"Vagues de tristesse"

Cinq ans après l'album "Stress", le rappeur révèle comme jamais ses doutes, évoque les affres de la dépression ("Terre brûlée") et des désirs de mort, ses amours trahies qui finissent désormais dans les tabloïds, débute sa renaissance à soi par des "vagues de tristesse"."D'une certaine manière, ce disque a été un processus psychologique, thérapeutique pour moi. J'ai essayé d'exister sachant que je ne suis rien de spécial et que d'autres ont traversé ces phases-là. (...) Je veux juste être franc et honnête avec moi-même déjà pour mon bien. Ce sera la meilleure façon d'approcher et de faire la musique. Avant, j'étais dans une zone où tous mes sens étaient corrompus", détaille Stress.

Le rappeur suisse Stress en plein enregistrement dans sa maison zurichoise, en octobre 2017. [RTS - Arnaud Robert]

Mais la mélancolie tapie dans son huitième album déborde pourtant d'une énergie vitale, qui déborde jusque dans les featuring qui parsèment sa quête de vérité: de Akhenaton et Shurik'n de IAM à Naomi Lareine, Xen, Nemo, l'As de Choeur et JP Cooper. Elle prend au final des formes multiples, comme les doubles identités qui le constituent, à la fois romand et alémanique, rap et pop, underground et glamour, d'ici et d'ailleurs. Le style musical façon patchwork de ce "Sincèrement" en forme de confession suit également ce schéma hybride.

Emancipé de ses formules rap passées, "libre de tous (s)es traumatismes", Stress pense ainsi enfin être parvenu à conjuguer la forme et le fond.  "Sincèrement".

Interview: Arnaud Robert

Texte et adaptation web: Olivier Horner

>> A voir aussi, entretien avec Stress dans le 12h45 :

Stress. [RTS - Jay Louvion]
Rendez-vous culture: Andres Andrekson, alias Stress, à l'occasion de la sortie de son nouvel album "Sincèrement". / 12h45 / 10 min. / le 14 octobre 2019
Publié