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Les secrets de la pochette de "Brigitte Fontaine est... folle"

Undercover - L'album "Brigitte Fontaine est... folle!". [Saravah - DR]
Undercover - Brigitte Fontaine est... / Couleur3 en vidéo / 2 min. / le 7 octobre 2019
L'album "Brigitte Fontaine est... folle", sorti en 1968, fait suite à un premier opus de 1966 que l’artiste a en horreur et qu’elle considère comme un brouillon.

A regarder la pochette, l’album aurait dû s’appeler "Brigitte Fontaine est une énigme". En effet, le mot "folle" n’apparaît nulle part. Par contre, au milieu de l’image trône un gros point d’interrogation découpé dans une photo du visage de l’artiste. On n’aperçoit que ses yeux cernés de noir et sa bouche au travers de laquelle coulera tant de poésie.

L’album fut écrit par l’artiste, accompagnée de son ami pour la vie, Jacques Higelin, avec qui elle interprète un morceau sur l’avortement: "Cet enfant que je t'avais fait".

Sous la menace du serpent

L'enfant est peut-être celui au bas de la pochette, assis dans une coquille vide et dévisagé par deux oiseaux à l’air inquisiteur ou inquiet. Il semble en tout cas être sous la menace d’un serpent, enlaçant une femme aux doigts en forme de seringues. Mais pourquoi porte-t-elle des bottes cernées d’éperons? A leurs côtés, un mannequin paraît esquisser un geste protecteur.

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Dans l’album, les arrangements sont l’œuvre de Jean Claude Vannier, dont les talents atteindront des sommets quelques années plus tard sur l’"Histoire de Melody Nelson" de Serge Gainsbourg. La musique, quant à elle, fut composée par un certain Olivier Bloch-Lainé, qui, peu après, se retira à la campagne, loin du tumulte du show business.

Trou temporel

Mais c’est le tumulte de l’esprit que l’auteur de la pochette semble vouloir illustrer. La lumière n’émane que de derrière le décor d’une ville lugubre et délabrée. C’est vers cette lumière que se dirige le couple en bas de l’image, au travers un genre de vortex dans lequel des gens les ont déjà précédés. Au-dessus de ce trou temporel, un homme se repose, fumant une cigarette comme épuisé après l’amour. Il ne remarque pas la mante religieuse qui le surplombe et qui, du coup, pourrait lui dévorer la tête.

Inspirée des œuvres du peintre Jérôme Bosch, la pochette fut dessinée par Maurice Tapiero, connu entre autres pour ses illustrations de livres d’enfants dans un style très éloigné de l’œuvre torturée ici présente, comme le prouve aussi le dos de cette cover.

Brigitte Fontaine, qui a fêté en 2019 ses 80 ans, n'a pas choisi le nom de cet album. Et elle en dira: "Cela m’est resté comme une casserole au cul".

Michel "Dynamike" Ndeze/mh

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