Publié

Vaughan Williams, "The Lark Ascending", toute la beauté du monde

Je Sais Pas Vous.
Je Sais Pas Vous.
"Mon mari ne saurait même pas reconnaître une alouette en vrai!" s'esclaffera sa femme plus tard. Il n'empêche, plutôt qu'une qui grisolle ou qui turlute, dans "L'envol de l'alouette", Vaughan Williams fait entendre ici une alouette précise qui tire-lire-lire.

On dit en français que l'alouette grisolle, qu'elle tire-lire ou qu'elle turlute. La parade amoureuse du mâle consiste à faire des spirales dans le ciel en montant et en descendant jusqu'à se laisser tomber exprès comme une pierre. Idéalement de pas trop haut.

"The Lark Ascending", "L'envol de l'alouette" est une partition de Ralph Vaughan Williams pour violon et orchestre. Dans la nature, l'alouette peut émettre un chant varié une heure durant. Chez Vaughan Williams l'entrée du violon solo, libre et libéré des barres de mesures, dure plus de deux minutes avant que l'orchestre ne se re-risque à troubler le doux volatile.

La beauté, le bonheur et la mélancolie

L'alouette des champs de Vaughan Williams, qui avait pourtant Charles Darwin pour grand-oncle, n'est pas un modèle d'évolution: en 1921, elle méprise sereinement toute la musique contemporaine de son temps et même celle d'avant. Mais au-delà de son attendrissant charme pastoral premier degré, "The Lark Ascending" est un tableau délicat de la beauté du monde, du bonheur d’en être, et de la mélancolie de ce qu'on en a perdu.

En tête de liste dans le cœur des mélomanes britanniques, cette partition est étonnamment moins connue dès qu'on franchit la Manche. Dans "The Lark Ascending", un quart d'heure durant, le temps s'arrête. Et le violon s'en va et s'évanouit de ce même son transparent qu'il avait en venant.

RTS Culture

Publié