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Le rap explicite de Damso fait main basse sur le Paléo

Le rappeur belge Damso au Paléo Festival de Nyon, le 26 juillet 2019. [Paléo 2019 - Laurent Reichenbach]
Le rappeur belge Damso au Paléo Festival de Nyon, le 26 juillet 2019. - [Paléo 2019 - Laurent Reichenbach]
Le rap francophone était vendredi soir à l'honneur au Paléo Festival avec les présences de Columbine, Makala ou Damso. Sur la grande scène, entre Angèle et Soprano, la plume tranchante du rappeur belge à la voix de baryton a fait sensation.

On pressentait une vague, ce fut une déferlante. Vendredi soir à Paléo, le rappeur belge né en 1992 dans le Zaïre de Mobutu a littéralement retourné le jeune public massé devant la grande scène. Dans un concert à l'ancienne, épaulé d'un seul DJ et à la façon du rap américain qu'il chérit, Damso est parvenu avec peu d'effets à imposer ses rimes incisives, volontiers machos et provocatrices qui aiment à sonder les pires visages de la condition humaine.

En une heure et demie et une vingtaine de titres, de "Periscope" à "Macarena", l'ex-protégé de Booba alterne âpreté et suavité sans faillir, déjouant toujours de justesse la caricature, haranguant une foule qui démarre au quart de tour pour entonner avec lui ses refrains brut de décoffrage tout en pogotant.

Franc-tireur explicite

Au coeur de ses violentes saillies et de son déluge d'insultes, vulgarités et autres mots crus affleure même une profonde mélancolie. Comme chez Tupac Shakur ou The Notorious B.I.G qu'il cite comme références, sa brutalité s'auto-contrôle et glisse sur toutes les musiques, que ce soit sur de la rumba congolaise, sur un beat électronique tranchant ou sur des rythmiques africaines.

Quand il ose parler d'amour plutôt que de baise hardcore, il préfère jouer les amants fautifs et avoue que la perspective d'être père l'angoisse. Sur "Baltringue", Damso ose même inciter les gays à s'assumer, thématique pas très rap compatible, en lâchant "Ce de quoi t’es fait, tu n’peux pas le fuir/Les nuages n’écoutent pas la météo". Un titre qui plus globalement dénonce l'hypocrisie ambiante de notre société.

Franc-tireur explicite de bout en bout de sa prestation, Damso réussit à plusieurs reprises à faire main-basse sur une foule qui devient hystérique grâce aux punchlines acerbes façon uppercuts de "Quedusaal", "Feu de bois", "Peur d'être sobre", "J Respect R", "Dix Leurres" ou le stupéfiant Tieks". Autant d'histoires sombres, pleines de figures de style et d'intensité dramatique qui confèrent à Damso une impressionnante stature de antihéros moderne du rap.

Olivier Horner

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