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The Good, The Bad and The Queen célèbre en beauté les dix ans d'Antigel

The Good, The Bad and The Queen sur la scène du Victoria Hall à Genève, le 22 juillet 2019. [Antigel Festival - Olivier Miche]
The Good, The Bad and The Queen en concert au Victoria Hall / Vertigo / 3 min. / le 22 juillet 2019
Le supergroupe britannique emmené par le chanteur Damon Albarn a fait escale lundi soir au Victoria Hall de Genève pour un concert en prélude aux dix ans du festival hivernal Antigel. Une leçon de pop mélodique et parfois politique.

Un cadeau d'anniversaire dont il devrait se souvenir. Le festival hivernal Antigel qui s'est s'immiscé exceptionnellement au coeur de l'été, entre le Montreux Jazz Festival et Paléo, pour proposer au Victoria Hall de Genève lundi soir l'unique date suisse de The Good, The Bad and The Queen, souhaitait marquer en beauté ses dix ans d'existence. Il pouvait afficher un sourire ravi tant le groupe britannique a offert un moment de pop aussi mélodique que parfois politique et poétique.

Le supergroupe emmené par le chanteur de Blur et Gorillaz, Damon Albarn, qui compte dans ses rangs le mythique bassiste Paul Simonon (The Clash), l'emblématique Tony Allen (inventeur de l'afrobeat avec Fela Kuti) et le guitariste Simon Tong (The Verve) a essentiellement proposé sur scène le répertoire pop mélancolique et anti-Brexit de "Merrie Land", son deuxième album en douze ans sorti en novembre dernier. Sauf qu'il l'a revisité avec un quatuor à cordes féminin ainsi qu'avec un clavier et un percussionniste pour donner encore plus de profondeur de champ aux réflexions d'Albarn sur un monde en voie de disparition.

Royaume désuni

Entre tendresse et détresse, la performance des dix musiciens fait osciller les climats, devant une jetée de station balnéaire anglaise surmontée de nuages menaçants. La chanson "Merrie Land", sur laquelle Albarn harangue déjà le public et ses musiciens, donne d'emblée le ton. Et déjà, Albarn se montre épanoui et souverain au chant en son royaume où la pop se frotte au dub ("History Song" avec refrains généreux du public), au lyrisme emphatique du classique ("The Truce of Twilight"), au groove en demi-teinte ("Three Changes") ou aux ballades chagrines ("The Last Man to Leave", "Lady of Boston" ou "Ribbons"). Qu'il sévisse derrière son piano, à la guitare acoustique ou aux seules vocalises, il se glisse sans peine entre les mélodies insidieuses et les atmosphères tristement guillerettes de carnaval.

On songe ici souvent au spectre enchanteur du "Ghost Town" en ruines des Specials, encore davantage quand en guise de premier rappel The Good, The Bad and The Queen s'aventure dans les méandres de "Kingdom of Doom " entre brillances pop et syncopes ska. Le public ne veut plus se rasseoir. Avant que "Green Fields" et "The Good, The Bad and The Queen", recommencé une seconde fois après qu'un verre se soit renversé sur le piano d'Albarn et ne suscite son fou rire, ne parachève en beauté près de deux heures d'un concert majestueux qui a pourtant évoqué un Royaume plus que jamais désuni.

Olivier Horner

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