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L'electro hallucinée et dansante de Thom Yorke stupéfie le Montreux Jazz

Le chanteur anglais Thom Yorke au Montreux Jazz Festival, le 4 juillet 2019. [2019-FFJM - Marc Ducrest]
Le chanteur anglais Thom Yorke au Montreux Jazz Festival, le 4 juillet 2019. - [2019-FFJM - Marc Ducrest]
L'Anglais Thom Yorke s'est produit jeudi soir au Montreux Jazz Festival. Le chanteur en vacances de Radiohead y a, en partie, présenté "Anima", un nouvel album electro qu'il a rehaussé de visuels colorés dans un concert énergisant.

C'est une pile électrique. En front de scène de l'auditorium Stravinski de Montreux, Thom Yorke ondule et sautille en chantant sur un fond d'électronique qui pourrait sortir tout droit des dancefloors berlinois. Le chanteur anglais en vacances de Radiohead, qui a collaboré avec les princes allemands des distorsions Modeselektor, annonce d'emblée la couleur musicale d'une soirée où s'immisceront tout de même sa guitare électrique et son clavier.

Le natif d'Oxford est venu présenter en partie les titres de son récent troisième album solo en treize ans, "Anima", oeuvre introspective et tourmentée en forme de rêves animés. Sur scène, le chanteur est accompagné par son producteur aussi historique qu'emblématique, Nigel Godrich, qui bidouille ses machines tel un sorcier ses potions entre quelques touches de basse. Il y a aussi un artiste audiovisuel, Tarik Barri, qui assure les projections minimalistes, abstraites et colorées qui soutiennent les morceaux en fond d'écran de scène.

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Une configuration à trois qui a belle allure et s'avère rarement froide. L'instrumentation électronique bourdonne ici de vie, se plaît à s'étendre sur des rythmes syncopés ou à tisser de tentaculaires motifs sur une ligne mélodique. Krautrock, ambient, pop, rock, techno minimale, rock, tout infuse ou passe dans une centrifugeuse au coeur des compositions de Thom Yorke.

Tantôt halluciné, tantôt tourmenté

Quand résonnent les premières notes du mélancolique "Black Swan" que York parcourt à la guitare, c'est même une clameur qui s'échappe d'un public qui pensait rester prisonnier de pulsations exclusivement électroniques. Voix toujours aussi hantée ou nonchalante et traînante, Thom Yorke semble visiblement prendre du plaisir à délivrer ses morceaux tantôt hallucinés tantôt tourmentés.

Yorke sait aussi habilement ralentir la cadence quand, au clavier, il active la balade vagabonde et brumeuse "Dawn Chorus" en milieu de concert avant de reprendre un rythme infernal avec "Amok" (de son autre projet parallèle Atoms for Peace) et "Traffic" entre autres.

Au final, la prestation de Thom York s'est révélée moins froide et autiste que craint, les cliquetis de son électronique avant-gardiste ayant trempé dans une large palette de couleurs hallucinées et dansantes.

Olivier Horner

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