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Les étranges rêves animés du chanteur Thom Yorke

Le chanteur Thom Yorke, leader de Radiohead. [AFP]
Musique: les rêves animés de Thom Yorke / Vertigo / 8 min. / le 1 juillet 2019
Le chanteur de Radiohead Thom Yorke se produit jeudi au Montreux Jazz Festival. L’occasion pour le Britannique de défendre son tout nouvel album en solo, "Anima".

Son nouvel album "Anima" est particulièrement introspectif et tourmenté. Toute l’œuvre de Thom Yorke est marquée par la mélancolie, l’isolement et une profonde angoisse existentielle. Cela se lit de manière plus précise encore dans ses projets solos.

Comme souvent, Thom Yorke a soigneusement préparé l’arrivée de cet album, en projetant notamment des messages sur des écrans dans le métro londonien. Il était question d’une machine baptisée "Dream Camera" capable de capturer les rêves.

Pour les récupérer, il suffisait d’appeler un numéro affiché en fin de clip. Au bout du fil, l’utilisateur tombait sur une voix onctueuse déblatérant un laïus incompréhensible. Du Thom Yorke pur sucre, pourrait-on dire rétrospectivement.

Des rêves étranges

"Anima" est habité par les rêves, comme on peut le découvrir dans un moyen métrage sorti le même jour que l’album.

Paul Thomas Anderson, le réalisateur de "Boogie Nights" et de "There will be blood", a tourné pour Netflix un clip étrange qui télescope musicalement trois morceaux de l’album. On y voit dans ses premières minutes un Thom Yorke somnolent, dans un métro, aux côtés d’autres passagers tout aussi accablés par l’ennui ou la fatigue, les yeux mi-clos.

Puis soudain, l’équipage de toute la rame s’anime comme habité par une force mystérieuse et s’engage dans une chorégraphie simple et poétique. Leur danse frénétique tient autant de l’essaim d’insectes bourdonnant que du jeu de puzzle ou les corps s’entrechoquent et s’emboîtent.

Tous les passagers du métro vont s’engager dans un étrange voyage nocturne. Thom Yorke rencontrera une femme qu’il poursuivra du métro aux pavés de Prague, pour aboutir dans un tram en fin de nuit, les yeux habités par ce rêve.

Format moyen métrage

Beaucoup de grands réalisateurs ont fait leurs armes avec le clip. Aujourd’hui, ce format réduit ne satisfait pas les groupes plus ambitieux. Récemment le groupe américain The National a collaboré avec le réalisateur Mike Mills pour un moyen métrage de 24 minutes intitulé "I Am Easy to Find", titre même du dernier opus du groupe américain. Ce type d’opération permet aux musiciens de proposer un projet plus nourrissant artistiquement qu’un simple clip.

Ce qui est différent dans le cas de Thom Yorke, c’est que le chanteur est au coeur de ce film, de cette dérive somnambulique. Il donne à voir ses visions tantôt romantiques, tantôt angoissées.

D'un point de vue muscial, "Anima" constitue peut-être sa production solo la plus aboutie. Comme par le passé, Yorke a collaboré avec Nigel Godrich, le producteur-star avec qui il travaille depuis quasi ses débuts. Thom Yorke adore "bidouiller" avec les machines. Résultat : l’instrumentation est presque exclusivement électronique, mais elle n’est pas froide pour autant. Elle bourdonne de vie, de rythmes syncopés. Plutôt que d’opter pour la surenchère sonore, Thom Yorke se contente le plus souvent d’une pulsation, d’une mélodie qu’il laisse défiler.

Show minimaliste

Sur la scène du Montreux Jazz Festival, il faut s’attendre à un show très minimaliste. Thom Yorke sera accompagné d’un seul musicien, son producteur Nigel Godrich. L’artiste audio-visuel néerlandais Tarik Barri supervisera tout l’aspect visuel du concert.

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Ensemble, ils revisiteront les différentes productions solos de Thom Yorke. Une chose est certaine, le spectacle promet d’être intense et certainement envoûtant.

Michel Masserey/mcc

Thom Yorke, Montreux Jazz Festival, Auditorium Stravinsky, le 4 juillet.

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