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"Underground" de Thelonious Monk, la pochette qui a fait sensation

Undercover - The Lonius - Monk
Undercover - Thelonious Monk "Underground" / Couleur3 en vidéo / 2 min. / le 6 mars 2019
Sorti en 1968, l’album "Underground" de Thelonious Monk a fait immédiatement sensation avec sa pochette provocatrice. Retour sur les coulisses de sa conception.

"Underground" est un des derniers albums de l’immense jazzman et grand prêtre du bebop, Thelonious Monk, dont on dit qu’il avait une fois quitté son piano en plein concert, pour aller boire un café au troquet d’en face.

Le jour de la prise de vue, Monk arriva sur le plateau dans la Bentley de la Baronne Kathleen de Rothschild, ou la baronne Pannonica de Koenigswarter, dite Nica de Koenigswarter.

Cette philanthrope, qui avait abandonné mari et enfants par amour du jazz, avait pris l’habitude de lui servir de chauffeur pour tous ses déplacements.

Le pianiste et compositeur de jazz Thelonious Monk donne un concert à Paris, Salle Pleyel, en décembre 1969. [AFP - Eleonore Bakhtadze]
Le pianiste et compositeur de jazz Thelonious Monk donne un concert à Paris, Salle Pleyel, en décembre 1969. [AFP - Eleonore Bakhtadze]

L'image d'un héros

L’idée du directeur artistique John Berg était de représenter le pianiste comme un héros de la Résistance française, au milieu d’un atelier rempli de souvenirs et de trophées. Pour "Underground", projet conçu avec les photographes Steve Horn etNorman Griner, John Berg obtient un Grammy.

Une image et un titre d’album qui devaient aussi rappeler que Monk avait passé des années dans les coulisses du jazz avant que son talent n’éclate au grand jour.

Reconstitution d'un refuge de résistant

Toutes les photos ont été prises dans l’appartement de l'artiste, transformé en repaire de résistants français, période dont Monk était très fan.

Assis au piano Monk, mitraillette en bandoulière et sourcils froncés, toise l’objectif d’un regard dans lequel on croit déceler un brin d’énervement d’avoir été dérangé dans son antre en train de se livrer à son exercice préféré: l’improvisation.

A l’arrière-plan, une jeune femme avec le béret, la ceinture de cartouches et la mitraillette, se tient prête à l’action, comme un garde du corps. Elle arbore une écharpe rouge de circonstance en cette année 68 criblée de révoltes en tout genre. C’est Pannonica.

Derrière Monk, sous un "Vive La France" et la photo d’un jeune général De Gaulle, se trouve le plus gros trophée de cette collection fictive.

A côté d’un drapeau nazi, un officier allemand est attaché à une chaise, l’air dépité, résigné au sort qui l’attend. Le 45 posé sur la table à côté des grenades, d’un verre d’alcool et de quelques victuailles, ne présage rien de bon. Tout comme la dynamite posée au pied du piano d’ailleurs.

La photo de la pochette fut prise au cours d’une séance pendant laquelle Thelonious Monk ne prononça pas un seul mot si ce n’est un "Meeeeuh", lorsqu’il croisa la vache.

Michel "Dynamike" Ndeze/mcc

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