Publié

Avec "Data Mirage Tangram", les Young Gods expérimentent en liberté

Cesare Pizzi. [Jérôme Genet]
Musique: Cesare Pizzi, le comeback d'un jeune dieu / Vertigo / 10 min. / le 22 février 2019
Avec leur nouvel album "Data Mirage Tangram", le groupe suisse compose son album le plus délié. En sept morceaux hors format, le trio propose un disque qui propulse le psychédélisme sixties dans le futur.

Ils réapparaissent après près de dix ans d’absence. Une décennie durant laquelle l’univers de la musique a été profondément bouleversé. L’époque est marquée par une standardisation des sonorités, un formatage extrême des compositions, mais aussi un accès facilité à la production.

Musicalement, les revivals se croisent et s’alternent. Sonorités 80’s, 60’s, 90’s, 70’s se répondent parfois au cœur d’un même morceau. Dans cette configuration, un retour tient d’une gageure. Pas pour les Young Gods, pas quand on s’inscrit hors du cadre.

>> A voir: le groupe de rock électronique Young Gods présente son album Data Mirage Tangram dans le 12h45 :

Le groupe de rock électronique Young Gods présente son album Data Mirage Tangram
Le groupe de rock électronique Young Gods présente son album Data Mirage Tangram / 12h45 / 10 min. / le 18 février 2019

Raviver la flamme

Pourtant au milieu de la décennie, les Young Gods s’étaient quasi dissous, avec le départ de Al Comet, l’homme qui fut longtemps derrière les machines. Une tournée-anniversaire célébrant les deux premiers albums du trio participa à raviver la flamme, avec comme nouveau co-pilote du trio Cesare Pizzi.

Ce membre fondateur des Young Gods a participé à la conception du son du groupe, c’est lui qui au milieu des années 80 fut un des premiers musiciens à utiliser un sampler. Après l’aventure de "L’Eau Rouge", une des œuvres majeures du groupe, Cesare Pizzi quitta le trio pour mettre son génie informatique et technologique à disposition d’un grand groupe international.

Expérimenter de nouvelles pistes

Près de 20 ans plus tard, dans le sillage des concerts-hommage, Cesare Pizzi s’est retrouvé au Cully Jazz Festival avec ses deux acolytes à expérimenter de nouvelles pistes musicales. Un laboratoire à scène ouverte qui a permis au groupe de se produire chaque soir devant un public curieux d’expérimentation. Ce sont ces séances qui ont nourri directement "Data Mirage Tangram".

Sur cet album composé de sept morceaux, comme un tangram, le trio conçoit un puzzle sonore aux multiples développements. Ce qui unit ces pièces, c’est bien sûr l’esprit voyageur. Rarement album des Young Gods n’aura sonné autant comme un trip sonore. Dès l’ouverture hypnotique de "Data Mirage Tangram", et sa ligne de guitare ample et monumentale, les références sont claires. Le groupe fait écho aux expérimentations des groupes majeurs du psychédélisme, du Pink Floyd des débuts à Tangerine Dream, formation précurseur du rock électronique.

Un album d'extrême liberté

Les Young Gods mêlent ces explorations sonores à des accents blues, voire même gospel. Surtout, le trio libère son vocabulaire, il ose les rythmiques et les syncopes les plus improbables sur "Moon Above", il part en incantations mystico-jazz arabisantes  sur "All My Skin Standing". Ces pièces centrales de l’album précèdent deux pièces plus apaisées, plus atmosphériques qui closent "Data Mirage Tangram".

Cet album, qui fait directement référence au contrôle des données et à la standardisation célébrées par notre ère numérique, est paradoxalement une œuvre d’une extrême liberté, qui casse les formats et révèle un groupe gourmand de nouvelles rencontres.

Un exemple: prochainement, les Young Gods joueront avec la Landwehr de Fribourg. Au programme, notamment, du Terry Riley. Plus tard, ils participeront au fameux festival metal HellFest en France. Définitivement, "It’s good to be back!".

Michel Masserey/mh

The Young Gods, "Data Mirage Tangram", sortie vendredi 22 février.

Publié