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Le célèbre polar de Jean-Patrick Manchette "Nada" adapté en BD

NADA [Dupuis/AIre Libre - Max Cabanes Doug Headline]
Nada – Max Cabanes et Doug Headline – dʹaprès un polar de Jean-Patrick Manchette – éd. Dupuis/Aire Libre / La chronique BD / 3 min. / le 23 octobre 2018
Max Cabanes et Doug Headlines revisitent en bande dessinée le roman noir "Nada" de Jean-Patrick Manchette. L'histoire de marginaux gauchistes qui tentent d'enlever un ambassadeur américain dans le Paris des années 70.

Paris, début des années 70. La ville est encore sous le choc de mai 68. Les CRS patrouillent dans les rues et contrôlent l’identité des types qui ont une tête de gauchiste. Et les héros de "Nada", ce sont des sales gauchistes.

Ils sont cinq, un prof désabusé, un alcoolique vulgaire, un serveur frustré, un vieux grigou bien sapé et un leader barbu anarchique. Ils veulent marquer un grand coup pour la cause en enlevant l’ambassadeur des États-Unis.

Un plan qui va mal tourner

Le plan se met en place. Le diplomate sera enlevé pendant qu'il est en visite dans une maison close parisienne. Il sera ensuite emmené dans le coffre d’une voiture jusqu'à la campagne où il sera détenu pendant que les policiers tournent comme des girouettes et que les banquiers réunissent la rançon.

Deux cent mille dollars pour l'ambassadeur américain. La fortune pour eux et la gloire pour la cause. Le plan est parfait. Mais rien ne va pas se dérouler comme prévu...

Une tragédie noire

Avec "Nada", Max Cabanes et Doug Headline revisitent un polar de Jean-Patrick Manchette sorti en 1972 et qui avait déjà été adapté au cinéma par Claude Chabrol en 1974.

Manchette est le papa du néo-polar: noir et politique. Violent et glauque. Il est aussi le papa de Doug Headline - de son vrai nom Tristan Jean Manchette. C'est lui qui signe le scénario de cette histoire de terrorisme de gauche crasse et inutile. Une tragédie noire aux protagonistes tous plus pathétiques et dangereux les uns que les autres.

Le scénario est clairement teinté de ces années 70, autant dans le sujet que dans la construction de l’intrigue et des personnages. Il faut un temps d’adaptation pour resynchroniser nos montres sur les seventies, mais le voyage dans le temps accompli, on se laisse prendre au jeu.

Troisième adaptation d'un polar de Manchette

Au stylo, on retrouve Max Cabanes. Après "La princesse de sang" en 2009 et 2011 et "Fatale" en 2014, c’est la troisième fois que le couple Cabanes/Headline adapte un polar de Manchette. Max Cabanes est un vieux de la vieille du 9e art. Grand Prix d’Angoulême en 1990, il est surtout connu pour sa série fantastico-barge "Dans les villages" publiée à partir de 1977.

Dans "Nada", il apporte un dessin réaliste, détaillé et un peu poussiéreux qui sert bien le récit. Il donne à voir l’ambiance humide et froide de ce Paris des années 70, avec ses bureaux enfumés, ses bars aux comptoirs à ivrognes et ses routes enneigées. Si les personnages ne sont pas forcément très bien rendus, la femme fatale que l'on voit sur la couverture, elle, est formidable.

Au final, "Nada" est un polar tragique, très verbeux, peut-être compliqué d’accès, mais difficile ensuite à lâcher avant que la dernière page ne soit lue.

Didier Charlet/aq

"Nada", Doug Headline et Max Cabanes, collection Aire Libre, Editions Dargaud

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