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"Quand Dieu boxait en amateur", l'hommage à un père privé de mots

Guy Boley [Grasset.fr - JF PAGA]
Guy Boley : "Quand dieu boxait en amateur" / Versus-lire / 39 min. / le 8 octobre 2018
Véritable élégie au père, au quartier périphérique des Chaprais à Besançon, et au monde ouvrier, "Quand Dieu boxait en amateur", deuxième roman de Guy Boley, transpire la tendresse et l'amour filial.

René Boley, le père de Guy, était forgeron, boxeur amateur et passionné de théâtre. "Il avait l'âme d'un artiste, mais n'en a pas eu le destin. La vie l'a ramené sur ses rails, qui étaient les rails du dépôt", raconte Guy Boley au micro de la RTS. Cruelle désillusion, que le fils, devenu romancier après avoir exercé d'innombrables métiers plus loufoques les uns que les autres, tente d'exorciser dans ce livre hommage.

Le quartier des Chaprais, dans la périphérie ouvrière de Besançon, constitue à lui seul un véritable personnage. "Ma vérité littéraire se trouve dans ce quartier", dit Guy Boley qui ne pensait pas à l'origine y trouver matière à écriture. Cet endroit a également inspiré son premier roman, "Fils du feu" et sera à l'origine d'un troisième, consacré à sa mère, qui se déroulera au milieu de la forge et des locomotives.

Fuir son destin

Très tôt, vers l'âge de 10 ans, Guy Boley a décidé de fuir ce destin, "pour ne pas vivre la vie de ces gens-là". Quelques années plus tard, il part sur les routes de France avec sa guitare, exerçant différents métiers: maçon, cracheur de feu, acrobate, saltimbanque, directeur de cirque, funambule à grande hauteur, machiniste, professeur de guitare et de cinéma, scénariste, chauffeur de bus, garde du corps, Père Noël et cascadeur. Avant de devenir dramaturge et écrivain.

Je suis très content d'avoir retrouvé dans mon écriture ce charme un peu périmé des vieilles chansons, de l'opérette, du catéchisme, de la paroisse. C'est mon monde à moi.

Guy Boley, écrivain

"Quand Dieu boxait en amateur" est un roman, insiste Guy Boley. Seules la toile de fond, celle du quartier, des cheminots, des locomotives et une partie du récit, sublimé, sur le père de l'auteur, sont autobiographiques. Et Guy Boley de citer Montaigne: "A faute de mémoire, je m'en forge de papier". Une manière pour l'écrivain de retrouver davantage son père dans cette image romancée qu'en se replongeant dans ses souvenirs de jeunesse.

Propos recueillis par Linn Levy

Réalisation web: Melissa Härtel

Guy Boley, "Quand Dieu boxait en amateur", éditions Grasset, 2018

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