Anne Lise Grobéty, José-Flore Tappy, Catherine Colomb. [RTS - Keystone/Unil/RTS]
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Cinq figures féminines qui ont marqué la littérature en Suisse romande

>> José-Flore Tappy, Anne-Lise Grobéty, Madeleine Santschi, Catherine Colomb et Monique Saint-Hélier, ces cinq grandes figures féminines ont marqué de leur empreinte la littérature en Suisse romande.

>> Une série diffusée dans "Versus-lire" sur Espace 2, du 2 au 6 avril 2018, réalisée par Christian Ciocca, avec la collaboration de Jean-Philippe Zwahlen.

>> RTS Culture, avril 2018

José-Flore Tappy

Un lyrisme sans concession

Si la poésie est mère de la littérature, celles et ceux qui ne se consacrent qu'à l'art poétique, comme la Lausannoise José-Flore Tappy, n'obtiennent reconnaissance que d'un cercle plus restreint, mais non moins fervent de lecteurs et lectrices.

Fille du ténor Eric Tappy, José-Flore a trouvé d'emblée avec son premier recueil "Errer mortelle", publié chez Payot Lausanne en 1983, l'estime et le rayonnement du Prix Ramuz Poésie, juste avant son trentième anniversaire. Une entrée remarquée que d'autre recueils, "Terre battue", "Pierre à feu", "Lunaires" puis "Hangars", qui lui valut le Prix Schiller, n'ont fait que confirmer.

Avec "Tourments" puis "Tombeau" aux Editions Empreinte, José-Flore Tappy a poursuivi son dialogue avec le peintre Juan Martinez. Elle a également édité la correspondance entre Jean Paulhan et Monique Saint-Hélier et a dirigé le grand chantier des Oeuvres de Philippe Jaccottet dans la Bibliothèque de la Pléiade chez Gallimard en 2014,en étroite complicité avec le poète de Grignan.

José-Flore Tappy [payot.ch - Félix Imhof ©Unil]payot.ch - Félix Imhof ©Unil
José-Flore Tappy, un lyrisme sans concession / Versus-lire / 34 min. / le 6 avril 2018

Anne-Lise Grobéty

Le regard de distraction

La Neuchâteloise Anne-Lise Grobéty, née à La Chaux-de-Fonds en 1949, n'est pas entrée dans les lettres romandes par effraction, mais bien par acclamation en remportant en 1969 avec Jean-Marc Lovay le Prix Georges-Nicole décerné pour son premier roman "Pour mourir en février", écrit en quelques semaines à l'âge de 18 ans. Une maîtrise formelle et narrative impressionnantes chez la gymnasienne qui, de fait, donnait de la voix au féminin dans un monde littéraire encore largement dominé par les hommes.

Dans le contexte de la libération d'une parole féminine, dans le sillage de Virginia Woolf quelques décennies auparavant, la jeune romancière a non seulement forgé une écriture interpellante et interrogative sur le corps et le désir des femmes, mais intégré au récit la manière même de construire une expression personnelle. Son expression romanesque ou plus personnelle nous a donné une vingtaine de titres jusqu'au décès de l'auteure en 2010.

La Neuchâteloise Anne Lise Grobéty, auteure de "Pour mourir en février". [Keystone - Sandro Campardo]Keystone - Sandro Campardo
Anne-Lise Grobéty, le regard de distraction / Versus-lire / 33 min. / le 5 avril 2018

Madeleine Santschi

Migrante polyphoniste

Ecrivaine d'une grande rigueur, Madeleine Santschi, née Madeleine Graff à Vevey en 1916, fut de son vivant lue avec ferveur mais peu entendue du grand public. Son oeuvre dense compte deux romans, "Sonate", publié au Mercure de France en 1965, et "Toutes ces voix" chez Zoé en 1994.

Son entrée dans la littérature romande se fit par un recueil de nouvelles "La pièce se joue à l'intérieur" aux Editions de La Tramontane en 1951. Très marquée, comme Anne-Lise Grobéty, par l'écriture de Nathalie Sarraute, Madeleine Santschi s'est également fait connaître au-delà des frontières par ses remarquables traductions d'auteurs italiens, Albino Pierro, Grazia Deledda, Laura Betti et Antonio Pizzuto. Son oeuvre s'est également approchée de la polyphonie de Michel Butor auquel elle a consacré un essai ainsi qu'à un autre orfèvre de la langue, Gustave Roud.

Couverture de l'essai sur Michel Butor, écrit par Madeleine Santschi. [L'Âge d'homme - DR]L'Âge d'homme - DR
Madeleine Santschi, migrante polyphoniste / Versus-lire / 34 min. / le 4 avril 2018

Catherine Colomb

Personnages comme sortis du brouillard

Marie-Louise Reymond-Colomb que ses lecteurs connaissent sous le nom plus simple de Catherine Colomb est avec Monique Saint-Hélier l'une des grandes figures de la littérature en Suisse romande. Toutes deux appartiennent à la même génération de la toute fin du 19e siècle. Marie-Louise Colomb a obtenu sa licence de lettres à l'Université de Lausanne en 1916, avec une seule autre femme dans le canton.

Dès 1913, elle fit un séjour mémorable en Angleterre dont elle gardera une vive impression et une sympathie que Paris, découverte en 1917, ne ternira pas. Dès 1921 pourtant, elle s'est définitivement établie dans le canton de Vaud et de 1946 à sa mort, en 1965, elle habita un domaine à Prilly où elle put écrire en privé, dans la solitude, élaborant une oeuvre profonde et originale qu'elle refusait d'assimiler au Nouveau Roman qu'elle ne lisait pas.

Catherine Colomb en 1961. [RTS]RTS
Catherine Colomb, personnages comme sortis du brouillard / Versus-lire / 36 min. / le 3 avril 2018

Monique Saint-Hélier

Amie des arbres et du vent

Etrange existence, étrange résistance que celles traversées par la Chaux-de-Fonnière Berthe Eimann, née dans la cité horlogère en 1895, mais qu'un cercle de fervents lecteurs a connue sous son nom de plume: Monique Saint-Hélier.

Son oeuvre romanesque, marquée par la chronique des Alérac et des Balagny, compte cinq romans qui lui assurèrent une certaine reconnaissance dans la France de l'entre-deux-guerres où elle s'était établie à Paris avec son mari, Ulysse Briod, dès 1926. Mais l'année suivante, déjà, elle commençait de souffrir de diverses maladies graves qui finiront par l'emporter après une crise cardiaque à l'âge de 59 ans, en 1955.

Hommage de Telmo Guerra à Le Corbusier, Monique Saint-Helier et Blaise Cendrars. [Keystone - Laurent Gillieron]Keystone - Laurent Gillieron
Monique Saint-Hélier, amie des arbres et du vent / Versus-lire / 33 min. / le 2 avril 2018