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#PayeTonAuteur, la petite révolution du Salon Livre Paris

Affiche du Salon du livre 2018 qui se déroule du 16 au 19 mars à Paris. [livreparis.com - DR]
Versus-lire / 35 min. / le 16 mars 2018
C'est l'événement littéraire du printemps. Le 42e salon du livre de Paris, rebaptisé "Livre Paris", a ouvert ses portes ce vendredi après avoir été inauguré par le président français Emmanuel Macron la veille.

Livre Paris ouvre ses portes avec la Russie en hôte d'honneur. Il se terminera lundi 19 mars. Une méga librairie - ou méga kermesse, diront les mauvaises langues - qui rassemble 1200 exposants et reçoit 3000 auteurs.

Le Salon est avant tout un lieu de dédicaces, en général Amélie Nothomb fait un malheur, et de micro-événements de toutes sortes, tables rondes ou performances. La comédienne Isabelle Carré viendra recevoir le Prix RTL-Lire pour son premier roman, "Les rêveurs" (Grasset). Livre Paris est aussi l'occasion de voir et d'entendre des auteurs du monde entier.

Un Salon victime de nombreuses critiques

Derrière cette belle vitrine, les critiques sont pourtant nombreuses et récurrentes. Le Salon serait trop cher pour les exposants qui parfois se rebiffent. Cette année, plusieurs éditeurs, Grasset, Fayard, Stock, L'Olivier, n'en seront carrément pas. De petites maisons indépendantes ont créé une manifestation parallèle et se retrouveront à "L'autre salon", sorte de festival off qui se déroule ailleurs dans Paris.

Autre sujet récurrent de friction: le pays hôte d'honneur. C'est l'attraction majeure du Salon et c'est pourtant un casse-tête. Chaque année, une cohorte d'auteurs étrangers sont invités selon une liste établie très à l'avance, pour laisser le temps aux éditeurs de traduire leurs livres. C'est un formidable coup de projecteur qui permet au lectorat francophone de découvrir d'autres littératures et profite tant aux auteurs concernés qu'aux éditeurs. Mais, régulièrement, l'invitation ne va pas sans poser problème, à propos du choix des auteurs, de la composition de la délégation officielle, de l'opportunité d'inviter tel pays plutôt que tel autre.

Cette année la Russie est invitée. Trente-huit écrivains sont à Paris, et parmi eux la grande dame des lettres slaves, Ludmila Oulitskaïa, prix Médicis étranger 1986, dont Gallimard publie le dernier roman, "L'échelle de Jacob". Mais compte tenu des tensions entre Paris et Moscou, Emmanuel Macron a ostensiblement choisi d'éviter le stand russe lors de sa visite du salon le soir de l'inauguration.

Le Salon où les auteurs et les autrices sont (enfin) payés

Ceux qui sont ravis en 2018, ce sont les écrivains, car une petite révolution vient d'avoir lieu. Pour la première fois, tous seront rémunérés lorsqu'ils participent à une animation, par exemple une table ronde ou une lecture. La mesure était réclamée depuis longtemps, les associations d'auteurs comme la SGDL (Société des gens de lettres), faisant remarquer que toute prestation doit être considérée comme un travail. La rémunération est d'ailleurs déjà en usage lors de manifestations dans des lieux subventionnés comme les bibliothèques.

Le Salon étant privé, il avait jusqu'à maintenant échappé à la contrainte, mais les auteurs en ont eu assez d'en assurer bénévolement l'animation. La contestation a démarré très fort sur les réseaux sociaux avec le hashtag "PayeTonAuteur", et a reçu le soutien de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, ancienne directrice d'Actes Sud. Le syndicat national de l'édition, organisateur de Livre Paris, a fini par plier.

L'Association des autrices et auteurs de Suisse se réjouit d'une telle décision. Comme en France, la généralisation du droit à une rémunération, appliqué dans certaines manifestations, est réclamée. De son côté, le Salon de Genève dit réfléchir à la possibilité de rémunérer tous les auteurs en 2019.

Sylvie Tanette/ld

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