Modifié

L'auteur français Olivier Adam met en scène la fille d’un chanteur

L'auteur français Olivier Adam. [Bertrand Guay - AFP]
Olivier Adam : " Chanson de la ville silencieuse " / Versus / 40 min. / le 9 janvier 2018
Empruntant son titre à une chanson de Dominique A., Olivier Adam signe sa reconnaissance de dette à la culture pop rock. "Chanson de la ville silencieuse" (Ed. Flammarion), un roman habité par le fantôme de Nino Ferrer.

Elle est la fille d’un chanteur à succès devenu une légende. Un artiste dépressif et exalté, retiré de la scène quinze ans plus tôt, dont on dit qu’il s’est suicidé même si son corps n’a jamais été retrouvé. Cette fille sans identité franche, effacée, n’admet pas la mort de son père. Encore moins lorsqu’elle croit reconnaître celui-ci sur une photo prise par des amis à Lisbonne. Une brève enquête au Portugal lui permettra d’apaiser sa relation avec un père définitivement absent.

Je suis cette fille qui n'est pas sûre de reconnaître son père. Qui n'est pas sûre d’avoir bien compris qu'il était mort. Qui n'a jamais été bien sûre de l’avoir connu un jour.

Olivier Adam. [Bertrand Guay]
Olivier Adam, "Chanson de la ville silencieuse"

Il a fallu sept ans à l’auteur pour qu’un événement furtif survenu à Lisbonne se transforme en intrigue romanesque.

Personnage à la dimension archétypale

Ainsi est né ce personnage constitué de multiples sources d’inspiration: "Dutronc, Gainsbourg pour l’aura médiatique; Bashung ou Murat pour la texture de la production, Dylan pour le côté baroudeur, Buckley pour la touche suicidaire et quelques pages biographiques liées à Daho."

Tout cela et bien plus confère à ce personnage excessif une dimension archétypale, proche du cliché. "Afin que chaque lecteur puisse s’en emparer comme il le souhaite", ajoute le romancier.

Olivier Adam a conçu ce roman comme un aller-retour constant entre la chanson et la littérature. Raison pour laquelle il en a emprunté le titre à Dominique A. qui lui-même l’avait détourné d’un autre écrivain. Juste retour des choses.

La fille et son effacement maladif

Chanson et écriture, deux domaines que fréquente depuis sa jeunesse l’auteur qui se rappelle avoir commencé à écrire des textes de chansons et des poèmes bien avant d’entamer son œuvre romanesque. Tentatives restées sans succès pour un artiste pétri de doutes, se considérant aujourd’hui comme un "musicien raté".

C’est donc avec un esprit joueur qu’Olivier Adam a construit son personnage de musicien-poète maudit. Mais c’est avec tendresse qu’il a imaginé celle qui raconte l’histoire de celui-ci: la fille du chanteur. C’est elle, son mal-être, son effacement maladif qui sont au cœur de Chanson de la ville silencieuse.

Une question parcourait déjà le roman précédent, "La Renverse", que l’on retrouve telle quelle dans celui-ci: "Comment se construit-on à l’ombre dévorante de parents défaillants, préoccupés uniquement de leur propre personne? Que fait-on des névroses et des failles transmises par ses parents?"

Jean-Marie Félix/jd

>> Olivier Adam, Chanson de la ville silencieuse, Ed. Flammarion

Publié Modifié

Olivier Adam, ses thèmes de prédilection

Depuis son premier roman, "Je vais bien, ne t’en fais pas", Olivier Adam creuse ses thèmes de prédilection: la disparition, le deuil, l’absence, le repli vers les confins territoriaux, le mal-être d’une classe moyenne en rupture, reléguée à la périphérie des villes.

Ces êtres fissurés, en marge d’eux-mêmes, ont pris corps à l’écran à travers plusieurs adaptations pour le cinéma ou la télévision dont il a co-signé les scénarios.

Outre une dizaine de romans, Olivier Adam est l’auteur d’un recueil de textes brefs ("Passer l’hiver") qui lui a valu le Prix Goncourt de la nouvelle, et de nombreux livres pour la jeunesse aux éditions L’Ecole des loisirs.