Et sous la plume de Patrick Eudeline, il ne fait pas bon prendre de l'âge quand on a été un rockeur. "Le Rock'n'roll vous apprend beaucoup de choses. Sauf à vieillir", écrit-il dans ce livre dont le propos central est une réflexion sur l'état du monde. Une fois la jeunesse évaporée lui succède un inexorable déclin, surtout quand on a été rockeur, brigand ou idéaliste: "Des races condamnées par le progrès. Des martyrs de l'évolution".
Ces lignes pour le moins désabusées sont signées par l'une des figures mythiques du punk rock et de l'underground français, l'un des plus purs dandys parisiens, une plume reconnue du magazine Rock&Folk et du journalisme gonzo en général (journalisme ultra subjectif à la première personne), une plume qui a électrisé le monde des lettres dès 1997, avec un premier roman "Ce siècle aura ta peau".
"Les Panthères grises", clin d'œil à une époque défunte
Patrick Eudeline est le seul survivant de son groupe punk Asphalt Jungle fondé en 1977. Et peut-être faut-il voir dans ses "Panthères grises" un clin d'œil à cette époque défunte. Puisque, dans ce roman de facture assez classique qui se déroule en deux parties, figure parmi les personnages, Guy, un ancien rockeur devenu grand-père et qui dépérit de ne plus jouer, comme de vivre à une époque qu'il juge inculte. Il y a aussi Patrick, un idéaliste qui a cru dans les mouvements maoïstes, puis communistes. Et puis, devenu vieux, il a espéré revivre grâce à Nuit Debout, un mouvement qui a fini par se terminer, comme tout le reste.
Comme une ultime tentative pour se sentir vivant, il a essayé de faire partie des insoumis de Mélenchon, mais ce sont les insoumis qui n’ont pas voulu de lui. A ces deux personnages s'ajoute Nadir, un ancien bandit, un gangster à l'ancienne qui ne jure que par l'honneur.
Un braquage pour se sentir vivant
Dans la deuxième partie du livre, ces trois hommes vont se rencontrer par une série de coïncidences. Et très vite, ils décident de faire un casse, de piquer les diamants d'une star américaine de passage à Paris… Histoire de se sentir vivants.
La motivation n'est pas vraiment l'argent, mais, pour ces hommes vieillissants - qui ont été mais qui ne sont presque plus rien - et qui ne comprennent plus l'époque contemporaine, il s'agit d'avoir un but, quelque chose à accomplir, une montée d'adrénaline.
Linn Levy/ld