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Bruno Pellegrino sort "Électrocuter une éléphante", une histoire vraie

La thématique - Littérature - "Electrocuter une éléphante" de Bruno Pellegrino (Paulette)
La thématique - Littérature - "Electrocuter une éléphante" de Bruno Pellegrino (Paulette) / Réveil à 3 / 3 min. / le 25 avril 2017
Les éditions Paulette publient "Électrocuter une éléphante", un livre de Bruno Pellegrino qui raconte l'histoire véridique de Topsi, star du cirque, une éléphante électrocutée en 1903 à New York en public et devant une caméra.

L'éditeur lausannois Paulette propose "Électrocuter une éléphante" dans sa collection de petits livres de poche, les "Pives". Cette collection sort 6 textes par an, des récits qui flambent, à forte personnalité, signés par des auteurs en majorité romands et québécois.

Une histoire vraie

L'auteur, le Vaudois Bruno Pellegrino, né en 1988, nous raconte l'histoire véridique de Topsi. Elle fut présentée à tort, au XIXe siècle, comme la première éléphante née sur le sol américain. Star de cirque, réduite à l'esclavage et maltraitée, Topsi se met en colère un jour où un visiteur a l'idée de lui donner son cigare allumé à manger. L'animal se fâche et tue trois personnes. Ses propriétaires décident alors de la mettre à mort, mais en se faisant un maximum d'argent et de publicité. Une exécution publique, comme au Moyen Àge.

Se pose la question de la technique à utiliser pour l'éliminer: faut-il l'étrangler et la pendre, au moyen d'une grue, comme sa consœur l'éléphante Big Mary? Ou la fusiller comme Chunee, un éléphant qui reçut 152 balles dans le corps? Non, Edison, le grand inventeur, propose de l'électrocuter. Et de filmer la scène, qui sera diffusée partout. Le destin de Topsi, c'est la réunion horrible de la chaise électrique et du cinéma.

Conduite enchaînée, ligotée, par les hommes mêmes qui se sont occupés d'elle durant 25 ans, Topsi recevra 6600 volts dans le corps. Nous sommes en 1903, à Conney Island. Le public, nombreux, paye pour voir.

"Nous ne sommes pas des sauvages"

Ce livre très émouvant, sous ses dehors pince-sans-rire, prend des airs de faux petit manuel pratique. Il nous renvoie notre voyeurisme, notre propre violence, à la figure. "Nous ne sommes pas des sauvages", écrit Bruno Pellegrino avec ironie, nous les hommes, puisque nous organisons des procès pour juger les animaux. Le livre fait réfléchir, et oblige le lecteur à se poser des questions sur ses habitudes, et sa vision de l'animal. Nos abattoirs tournent à plein régime, pour transformer les bœufs en steak, quelle différence avec la mise à mort d'un éléphant?

La Suisse n'est pas loin: les mises à mort de pachydermes ont été pratiquées sous nos latitudes, tout comme les procès faits aux animaux. Rappelons qu'au Moyen Âge, on a condamné à mort un coq à Bâle parce qu'il avait commis le crime de… pondre un œuf. Et l'Evêque de Lausanne, en son temps, avait excommunié les sangsues, accusées de contaminer les truites du Léman.

Le temps d'une parenthèse, qui aurait mérité d’être développée, l'auteur rappelle aussi que le 27 juin 1866 à Morat, dans le canton de Fribourg, on a tué avec un boulet de canon, puis mangé, un éléphant agressif. A Genève, en 1820, l'histoire se répète avec un coup de canon dans la tête d'un pachyderme récalcitrant, dont la dépouille a fini dans les collections du musée d'histoire naturelle. Mais rassurez-vous, "nous ne sommes pas des sauvages"…

Julien Burri/hof

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