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Vif débat entre le patron de Payot et un écrivain sur la rémunération des auteurs

Pascal Vandenberghe, patron des librairies Payot en Suisse et l'auteur Sébastien Meier. [Keystone/Editions Zoé]
Un auteur lausannois dénonce "la petite mafia des éditeurs romands" / Forum / 11 min. / le 7 juin 2016
L'écrivain Sébastien Meier a dénoncé dans Le Temps la "micro-mafia" dans la chaîne du livre romande. Des critiques qui ont provoqué un vif débat avec le patron de Payot Pascal Vandenberghe dans l'émission Forum de mardi.

Un vent de révolte souffle dans le milieu des écrivains romands, qui ont été nombreux ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, à s'emporter contre une économie du livre jugée trop peu solidaire.

A l'origine de leur courroux, une tribune parue la semaine passée dans Le Temps -  intitulée "Adresse à la micro-mafia de la chaîne du livre romande" - par l'écrivain lausannois Sébastien Meier.

Une tribune qui lui a valu une réponse de Pascal Vandenberghe, patron des librairies Payot en Suisse, dans les colonnes du même journal.

"Tout travail mérite salaire, sauf celui des auteurs?"

Invités dans l'émission Forum mardi, les deux hommes se sont livrés à un débat musclé pour défendre leurs positions.

"S'il s'était cantonné à questionner la problématique des salons, je ne serais pas intervenu directement. Mais se faire traiter de mafieux... je trouve cela inacceptable, parce que les éditeurs et libraires suisses font beaucoup pour les auteurs romands", a par exemple expliqué Pascal Vandenberghe.

"Il faut à un moment donné simplement préciser quelles sont les forces en présence. C'est la raison pour laquelle j'ai rappelé que dans cette chaîne du livre romand, tout le monde touchait un salaire ou presque, certes petit et je ne le questionne pas. ... Il y a des gens qui ont ce confort salarial et de l'autre côté des auteurs qui touchent 1750 francs [NDLR: pour 700 livres vendus] (...) Il n'y a pas de raison de considérer que tout travail mérite salaire, sauf celui des auteurs", a plaidé de son côté Sébastien Meier.

Un avis qui lui a valu la réplique suivante du patron de Payot: "Vous devriez mettre face à cette notion de confort la notion de risque (...) Combien de musiciens vivent de leur musique? de sportifs vivent du sport? (...) Je peux recevoir Monsieur Meier et lui expliquer l'économie du livre puisqu'il a l'air de penser qu'on est tous richissimes. Il n'a qu'à ouvrir une librairie, si il croit qu'on se fait de l'argent."

La place méritée des auteurs romands

A en croire Sébastien Meier, ce débat sera porté au niveau politique, vu la réception négative de sa tribune par les libraires et éditeurs. "Je ne reste pas à ma place et selon les soutiens que j'ai pu recevoir de nombreux auteurs suisses romands sur les réseaux sociaux, j'estime que ce caprice est largement partagé", a-t-il fait savoir.

Pascal Vandenberghe a pour sa part indiqué comprendre certaines frustrations, mais a défendu sa position en pointant du doigt la place méritée des auteurs romands sur les étals en termes strictement économiques: "Il faut bien voir comment fonctionne cette économie en difficulté aujourd'hui pour les éditeurs et libraires (...) On fait tous un travail de survalorisation de la production romande".

Quentin Mouron défend Sébastien Meier

Invité dans Vertigo, le jeune auteur Quentin Mouron, qui vient de publier "L'âge de l'héroïne" aux éditions La Grande Ourse, donne raison, sur le fond, à Sébastien Meier. "Le problème des salons de Genève ou Paris c'est qu'ils sont centrés sur les éditeurs. On pourrait donc dire que c'est à eux de payer la présence des auteurs lors des séances de dédicaces", confie-t-il.

L'écrivain canado-suisse explique qu'il existe aujourd'hui une nouvelle génération d'auteurs qui ne sont pas "profs au gymnase et qui n'ont pas leur 13e salaire à 10'000 francs".

>> Ecoutez l'intervention de Quentin Mouron dans Vertigo :

Quentin Mouron [Didier Mouron]Didier Mouron
Extrait de l'entretien avec Quentin Mouron autour de la rémunération des auteurs / Vertigo / 2 min. / le 2 juin 2016

jzim/mcc

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