"Epimose" de Michaël Perruchoud, une saga à hauteur de cimes

L'écrivain et éditeur Michaël Perruchoud. [Editions Cousu Mouche]
Entretien avec Michaël Perruchoud, auteur de "Epimose, première époque – Errances" / QWERTZ / 19 min. / le 4 décembre 2024
Saga d’aventure chorale qui taquine les steppes, les montagnes et les aigles, "Epimose" de Michaël Perruchoud nous emporte en Asie centrale au XIXe siècle dans le royaume auto-proclamé du tyran Daïko Sragal. Le premier tome "Errances" ouvre une trilogie ambitieuse et épique. 

C’est un projet qui débute par un songe. A dix-neuf ans, Michaël Perruchoud rêve d’une usine dans une montagne et d’un tyran, Daïko Sragal. Il voit également des armes et des caisses remplies qui descendent vers la plaine. Au réveil, il couche ces idées sur le papier. La graine d’un futur grand récit à visée homérique est plantée.

Il y aura de nombreuses versions, de nombreux tâtonnements, mais tout est là: une fresque humaine avec une galerie de portraits inspirants où l’intime côtoie le tragique et, parfois, le sublime, le lieu, c’est-à-dire l’Asie centrale, plus spécifiquement la région du Pamir, à l’est du Tadjikistan, et l’époque, le milieu du XIXe siècle quand la Russie et la Grande-Bretagne rêvaient expansions, richesses, dans des Empires où le soleil ne se coucherait jamais.

La rencontre de Jules Verne et de Nicolas Bouvier

L'auteur romand Michaël Perruchoud attend de devenir éditeur (Editions Cousu Mouche) et écrit de nombreux autres livres avant d’oser, dirons-nous, se remettre à l’ouvrage. "Ce livre a passé beaucoup de temps dans les tiroirs. Il a essayé parfois d’en sortir, et puis il était toujours là, assez énorme", indique l’auteur dans le podcast QWERTZ du 4 décembre.

Lui vient alors l’envie de séparer son récit en trois époques. Trois temps distincts qui permettent d'ancrer à chaque fois plus spécifiquement l’un ou l’autre des personnages. Dans "Errances", la figure principale est un ogre, un Staline de conte oriental.

Le côté circulaire m’intéresse beaucoup. Le personnage de Daïko Sragal n’est pas obèse, il veut être sphérique. Il a besoin de tout avaler, de contenir le monde.

Michaël Perruchoud, auteur

Au-delà de ce Daïko Sragal, brigand et proxénète turc devenu empereur, régnant par la terreur, s’affirment d’autres êtres marqués par les conditions impitoyables des montagnes et des luttes de pouvoir. Les rivalités entre les clans, la tragédie des guerres fratricides, l’opportunisme des brigands, les prêtres et chamanes, les paysans, bergers et des figures féminines porteuses d’espoir telles que Chirine ou un nouveau-né nommé Illyssia, composent une galerie de personnages qui luttent pour survivre.

Un western d'Asie centrale

Dans la saga "Epimose", le premier tome "Errances" pose les enjeux géopolitiques et les luttes intestines. Mais chacun, chacune trouve sa place au pieds des montagnes, bercés par les cris des aigles. La nature, hostile, le froid, la neige, les pentes escarpées, l’air qui manque, constituent des obstacles autant que des symboles de défi. Il y a du fatalisme dans ce récit qui parle de cruauté, d’esclavage, de quête de pouvoir, mais aussi de liberté. Toute la question est de savoir quel en sera le prix.

Catherine Fattebert/aq

Michaël Perruchoud, « Epimose. Première époque: Errances », Editions Cousu Mouche, octobre 2024.

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