"Absolu: Les Mobilisés", première dystopie réussie pour Margot Dessenne

Amis d'enfance, Prym et Joanna voient leur destin basculer le jour où leur dirigeant les envoie dans la Zone, une ville qui n'ouvre ses portes qu'une fois par an, et dans laquelle rôde la Chose, une créature monstrueuse faite pour tuer. Leur mission et celle de 98 autres jeunes: tuer la Chose ou mourir, sachant que jusqu'à présent personne n'en est revenu. Arrivés à l'intérieur, il va falloir survivre à tout prix, entre des affrontements de plus en plus violents et d'étranges phénomènes.

On nous avait habitués au stress, à l'idée de tuer et de mourir, à combattre tout type d'ennemis sans problème. Mais le bruit sourd des corps qui s'affaissent, c'était la première fois que je l'entendais aujourd'hui.

La découverte de la Zone et de ses codes se fait par le prisme de sept narrateurs. Celles et ceux qui survivent depuis des années et les nouveaux venus. La survie est un révélateur de nos côtés sombres et lumineux, mais Margot Dessenne l'avoue, elle ne voulait pas faire de manichéisme: "Il n'y a pas de méchant dans la Zone, seulement des êtres humains qui font des choix différents et qui ont des visions du monde différentes."

Un univers minutieusement construit

Février 2017: Margot Dessenne est en terminale. Elle s'ennuie durant ses cours de physique-chimie et utilise ses cahiers de cours pour noter ses premières idées de roman: "Et si on créait une arme surpuissante qui dépassait l'humanité? Et si elle était enfermée dans une ville?" C'est comme ça qu'est né "Absolu".

Pendant deux ans, Margot Dessenne travaille l'univers et les personnages de son roman. Elle se nourrit de ce qu'elle aime le plus, à savoir la science-fiction, la fantasy et le fantastique. "Pour construire un monde riche et complexe, il faut se poser beaucoup de questions du type 'Comment ça se passe dans la Zone quand on a ses règles?'", détaille-t-elle.

Des références et des clins d'œil

Des jeunes gens bloqués dans un lieu fermé face à une créature monstrueuse, le lien avec la mythologie grecque et l'histoire du Minotaure est clairement établi. Mais ce n'est pas la seule source d'inspiration.

Margot Dessenne a aussi puisé dans la mythologie slave, pour décrire les Wilis, le clan des femmes guerrières de la Zone. La jeune auteure s'est aussi amusée à utiliser des mots en latin, pour décrire les innovations technologiques de son monde, comme le cerebrum, une puce connectée au cerveau, ou l'anima, un petit boîtier capable de prendre l’apparence de trois formes d'armes.

L'originalité et l'intrigue de ce premier roman happe le lecteur dès la première page, avec une petite frustration à la fin. On ne sait toujours pas pourquoi la nation d'Erit envoie ses meilleurs jeunes se faire massacrer face à une créature qui au final vit dans un univers clôt. Malicieuse, Margot Dessenne rétorque:

J'aime dire à mes lecteurs qu'il y a déjà tous les éléments de compréhension dans ce premier tome. Certains ont déjà noté tous les indices, en fait c'est comme un jeu de pistes.

Classée sous l'étiquette de littérature Young Adult, "Absolu – Les Mobilisés", qui comptera trois volumes au total,  s'adresse à tout type de public qui aime les univers imaginaires. Un peu à l'instar d'Harry Potter, où les parents achetaient les livres pour leurs enfants, avant de les dévorer eux-mêmes.

Sarah Clément/ld

Margot Dessenne, "Absolu tome 1 – Les Mobilisés", éditions Castelmore (groupe Bragelonne), collection Big Bang.

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