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Francis Parel et ses momies sous la cathédrale de Genève

L'auteur romand Francis Parel. [RTS]
Entretien avec Francis Parel, auteur de "Le jour et l'heure". / QWERTZ / 28 min. / le 23 juin 2022
Dans "Le jour et l’heure", Francis Parel situe son polar dans les entrailles de la vieille-ville de Genève. Il a beau arpenter ses pavés depuis des décennies, le quartier réserve bien des surprises, propices à l’élaboration d’une intrigue surprenante.

6 juin 1985, le corps de Sophie Delacroix est découvert sur les bords du Léman. La jeune femme présente des plaies importantes à la tête. Aucun témoin, pas de traces exploitables, rien qui ne permette à la police de résoudre cette affaire.

Le 4 juillet 1995, à l’occasion de fouilles dans la Cathédrale Saint-Pierre de Genève, une équipe d’archéologues découvre des corps momifiés dans une crypte jusque-là inconnue. Problème: ils portent une montre à leur poignet, leurs mains sont attachées avec du fil de fer, ils ont probablement été emmurés vivants il y a une douzaine d’années.

Qui sont-ils? Comment sont-ils arrivés là, alors même que personne ne connaissait l’existence de cette crypte? Pourquoi leurs montres affichent-elles la même heure? C’est ce double mystère à résoudre que propose Francis Parel dans son dernier roman intitulé "Le jour et l’heure".

Les souterrains de la ville

Une silhouette juvénile assise à l’ombre de la cathédrale, tout juste trahie par ses cheveux blancs. Francis Parel est sur les lieux de son roman, là même où le commissaire Fournier et l’inspecteur Petrovic mèneront l’enquête. Lui, le journaliste de radio qui a arpenté les pôles, traversé les jungles, réalisé des centaines de reportages autour du monde, pourquoi cette intrigue genevoise? "La cathédrale, c’est un repère dans ma ville. La vieille-ville a été mon terrain de jeu et de vie par la suite. Et puis les romanciers sont sans cesse à l’affût de faits divers qui pourraient aiguiser notre curiosité. Or, je suis tombé sur un reportage de la télévision Léman Bleu qui montrait la publication des plans des sept kilomètres de galeries qui sillonnent la vieille-ville. Et puis je me suis souvenu d’un livre, 'Le mystère de la porte de fer', où trois ados se retrouvent piégés dans un souterrain. Cette histoire m’avait marqué!"

J’ai fait appel à mes souvenirs, par exemple pour la romance qui survient dans l’histoire, écho de mes premiers flirts en vieille-ville de Genève!

Francis Parel

L’effet Colombo

Précis, documenté, "Le jour et l’heure" tient son cap grâce au souci du détail de l’auteur. Quitte à faire appel à des consultants amis, pour vérifier la vraisemblance technique du récit. Et pour ne fâcher personne, ajouter un numéro de rue fictif pour l’immeuble dans lequel loge le criminel. En revanche, Francis Parel reste fidèle à ses personnages, comme le commissaire Fournier, héros d’un précédent livre:

C’est curieux, les personnages de roman, à partir du moment où vous avez commencé, ils sont toujours avec vous. Le jour ou la nuit.

Francis Parel

"C’est étrange parce qu’on les voit, et on ne les voit pas non plus. Ils sont comme une silhouette floue dans un appareil photo dont on n’arrive pas à faire la netteté. On sait qui ils sont, comment ils sont à peu près. Mais ils sont toujours à vos côtés".

Le roman fonctionne selon l’effet Colombo: l’assassin est connu, ainsi que son mode opératoire, il s’agira de suivre le cheminement intellectuel des enquêteurs pour parvenir à résoudre l’énigme. Un mode opératoire qui a toujours plu à Francis Parel: "Ce n’est pas simple parce que l’intrigue est dévoilée dès le départ. Il faut donc maintenir l’attention du lecteur. Et c’est là qu’un élément intervient dans le récit avec la présence de l’inspecteur Petrovic, qui pratique la science du comportement. A l’image des profilers des séries américaines. C’est un personnage un peu à part, qui sait entrer dans l’âme noire des criminels et parler aux familles des victimes. Il a pratiqué pendant la guerre en ex-Yougoslavie, en protégeant toute personne qui en avait besoin, indépendamment de son origine ou de sa religion. Il comprend sans doute très vite qui est l’assassin, mais encore faut-il le prouver... ".

Pierre Philippe Cadert/olhor

"Le jour et l’heure", de Francis Parel, Ed. Slatkine, 368 pages.

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