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Le journaliste Thierry Mertenat raconte l'avalanche qui a tué son père

Thierry Mertenat. [© Magali Girardin]
Le journaliste Thierry Mertenat raconte lʹavalanche qui a tué son père / Médialogues / 20 min. / le 15 juin 2022
Dans "Lʹavalanche", le journaliste de la Tribune de Genève Thierry Mertenat raconte le drame qui a imprégné toute sa vie: la mort de son père, enseveli avec plusieurs de ses élèves sous une coulée de neige à Leysin, le 14 février 1962.

Cʹest un sujet quʹil avait toujours refusé dʹaborder, lui le spécialiste des faits divers: le décès de son père, enseignant, tué avec trois élèves de 16 et 17 ans sous une avalanche à Leysin en 1962 pendant un camp de ski. Dans son texte "Lʹavalanche", Thierry Mertenat mène pourtant une véritable enquête journalistique qui débute sans en avoir lʹair à Genève et qui emmène le lecteur à Porrentruy, puis dans les Alpes vaudoises.

Le récit qu'il fait de cet événement tragique, très documenté, s'est construit au fil d'entretiens avec les sauveteurs de l'époque. "Les journaux de l'époque ont constitué mon point de départ. J'avais ma revue de presse familiale, constituée par ma mère, qui avait exhaustivement acheté tous les journaux qui avaient relaté, de près ou de loin, cet événement, explique Thierry Mertenat à la RTS. Je connaissais les noms des sauveteurs et je suis allé les voir à Leysin avec les coupures de presse, très illustrées. Ces images ont permis de réveiller la mémoire des sauveteurs. Ils s'y sont revus, dans cette nuit infernale où il n'a pas arrêté de neiger jusqu'à la découverte du dernier corps. Le récit s'est reconstitué ainsi, à la faveur de cette rencontre collective avec quatre ou cinq sauveteurs".

Le rue au quotidien

Journaliste à la Tribune de Genève, spécialiste des faits divers après avoir couvert pendant vingt ans l'actualité culturelle genevoise, Thierry Mertenat a fait de la rue son environnement favori, en particulier la nuit et les fins de semaine. Pour raconter l'avalanche de 1962, il ne s'y est pas pris autrement. "J'ai refait le reportage, un peu comme si cette fichue avalanche venait de se produire", livre-t-il. Avec force détails, comme le nom des chiens d'avalanche qui interviennent cette nuit-là, au pied de la Berneuse.

Près de soixante ans après les faits, cet événement tragique qui fera en tout six victimes reste douloureux à évoquer. "C'est la perte irréparable d'un père mort accidentellement. Il était en pleine forme, faisait du ski pour son plaisir, il partageait ce plaisir avec des élèves et il est décédé d'un coup avec trois élèves qui l'accompagnaient. Cette brutalité assez indépassable, il faut du temps pour en rendre compte puisque l'exercice consiste à trouver les mots et à faire le récit très tardif de cet accident."

Propos recueillis par Antoine Droux

Adaptation web: mh

Thierry Mertenat, "L'avalanche", éditions Labor et Fides.

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