Publié

"Hermès Baby", de Louise De Bergh, quand le destin frappe

L'autrice et blogueuse Louise De Bergh.. Photo transmise pour sa venue dans QWERTZ le 2 mai 2022. [DR]
Entretien avec Louise de Bergh, autrice de "Hermès Baby" / QWERTZ / 20 min. / le 4 mai 2022
Dans son premier roman, l’autrice Louise De Bergh, donne la parole à trois générations de femmes, qui doivent apprendre à transcender les démons qui habitaient Adèle, la bisaïeule.

L’illustration qui orne la couverture du livre et son titre ne font aucun doute: dans "Hermès Baby", il va forcément à un moment donné être question de la machine à écrire culte produite à Yverdon. Pourtant, Louise de Bergh s’amuse à ne faire ce lien que très tard dans son roman. Avant cela, chapitre après chapitre, l’on découvre les vies d’Adèle, de sa fille Dora la discrète, de sa petite-fille Elise la junkie et, enfin, de Françoise, la dernière, à qui sa mère a donné le même prénom que son autrice préférée, Françoise Sagan, grande consommatrice d’Hermès Baby.

Les femmes ne savent pas créer

Quatre femmes liées par le dessin, la déception amoureuse et la tristesse. Tout commence dans le Vienne du début du 20e siècle, lorsqu’Adèle, jeune prostituée de 16 ans devient la maîtresse d’Egon, jeune artiste au style révolutionnaire. Egon ne sera pas plus qu’une apparition lourde de conséquences, comme les quelques hommes qui traversent les pages d'"Hermès Baby", génération après génération. Pourtant, leur bref passage va laisser une cicatrice dans la vie de chacune des protagonistes.

Pour Louise De Bergh, placer la matrilinéarité a une fonction réparatrice des mythes véhiculés par sa propre famille.

J’ai toujours entendu parler dans ma famille d’une hypothétique lignée de femmes avec un certain pouvoir créateur mais qui n’avaient jamais réussi à le faire vivre. J’avais envie à la fois de valider cette histoire mais aussi de la rejeter.

Louise De Bergh

L’encre et la peau

Pour se libérer du sort: l’écriture. Tout comme ses personnages, l’autrice cherche à casser ce larsen familial en posant sa propre pierre, son propre récit. Loin d’être autobiographique, "Hermès Baby", par son style et le choix d’un vocabulaire tout en sensorialité, transpire le besoin qu’éprouve Louise De Berg de travailler son histoire comme les peaux de cuir qu’elle manipule au quotidien, dans son atelier de sellière, à Saint-Saphorin (VD). Un métier qu’elle découvre lors d’un voyage à Madagascar.

Je pense avoir cette considération du travail des mains. Dans mon roman, l’un des personnages demande à ses élèves de "dessiner avec deux mains", ce qui signifie que leur art doit être un engagement total de tout leur corps, et pas uniquement le travail d’un seul hémisphère.

Louise De Bergh

Bonjour tristesse

Peut-être est-ce cet investissement total que Louise De Bergh apprécie tant chez Françoise Sagan, au point de lui offrir une présence importante dans le décor posé par "Hermès Baby". Elle a possédé, raconte-t-on, une soixantaine de ces Hermès Baby toutes turquoises.

"J’aime son écriture crue et cruelle. J’aime la femme qu’elle était, incapable de faire autre chose que de se détruire", précise Louise De Bergh, qui conclut avec regret n’avoir pas eu la possibilité elle-même d’écrire son roman sur une Hermès Baby.

Ellen Ichters/aq

Louise De Bergh, "Hermès Baby", Romann Editions.

Vous aimez lire? Abonnez-vous à QWERTZ et recevez chaque vendredi cette newsletter consacrée à l'actualité du livre préparée par RTS Culture.

Publié