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Les tribulations du peintre Léopold Robert à Venise vues par Jean-Bernard Vuillème

L'écrivain Jean-Bernard Vuillième. [Editions Zoé - Jean-Luc Cramatte]
Entretien avec Jean-Bernard Vuillème, auteur de "La mort en gondole", paru aux éditions Zoé / QWERTZ / 28 min. / le 14 juin 2021
"La mort en gondole", vingtième livre de l’auteur neuchâtelois Jean-Bernard Vuillème, retrace à Venise le parcours du peintre Léopold Robert dont un narrateur en pleine "crise d’obsolescence" évoque les tourments. Une balade en forme de dérobade.

Quatre personnages habitent le roman de Jean-Bernard Vuillème: Silvia, éternelle étudiante qui enquête sur le suicide de Léopold Robert, le narrateur qui, sous prétexte d’aider la jeune femme dans ses recherches, fait une "fugue sénile" direction Venise, le fantôme du peintre mort par amour et enfin la Sérénissime, ses canaux et son cimetière marin.

Le cimetière est une sorte de musée dans lequel règne l’implacable loi de la notoriété.

Extrait de "La mort en gondole" de Jean-Bernard Vuillème

Deux départs

Deux siècles avant le narrateur de "La mort en gondole", c’est Léopold Robert qui arpentait les ruelles vénitiennes. Aujourd’hui oublié, le peintre a connu la gloire de son vivant. Parti tout jeune pour Paris se former auprès du peintre David, le Chaux-de-Fonnier se rend ensuite à Rome où il peint son œuvre la plus connue – "L’arrivée des moissonneurs dans les marais pontins", qui lui vaut la Légion d’honneur remise par le roi Louis-Philippe.

C’est à Venise en 1835 que Léopold Robert, profondément insatisfait de son travail, sombre dans le désespoir après avoir été rejeté par Charlotte Bonaparte (la nièce de Napoléon) à qui il donne des leçons de peinture: l’amoureux éconduit se tranche la gorge dans son atelier. Ce fils d’horloger protestant sera tout de même enterré sur l’île-cimetière de San Michele grâce à l’intervention de son frère, lors d’une cérémonie que Vuillème peint comme un tableau de Turner.

Renaître à Venise

Avec son "romantisme amoureux de pacotille" et la tombe oubliée du peintre désespéré, Venise contraint le narrateur à se regarder en face. Il s’interroge sur son besoin de protéger "une certaine idée de lui-même malgré ses tergiversations devant l’épreuve de la longévité."

Une vie qui ne se raconte pas n’est pas une vie.

Extrait de "La mort en gondole" de Jean-Bernard Vuillème

Si ce nouveau roman brasse les thèmes plutôt graves chers à Jean-Bernard Vuillème – la relativité du succès, l’incommunicabilité, les jeux de l’amour et du hasard – il déborde de l’autodérision propre à l’auteur, passé maître dans l’art du burlesque. Un penchant naturel, qu’il cultive, car "quand il est permis de rire de ce qui nous afflige, c’est un vrai bonheur."

Geneviève Bridel/mh

Jean-Bernard Vuillème, "La mort en gondole", éditions Zoé.

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