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Les maisons d'édition romandes croulent sous les manuscrits

Des visiteurs lors de la 11ème édition du Livre sur les quais le samedi 5 septembre 2020 à Morges. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
La pandémie a poussé les auteurs à être plus productifs / Le 12h30 / 2 min. / le 18 mars 2021
Les autrices et auteurs en herbe se sont mis à l'écriture durant ce temps d'arrêt dû à la pandémie de coronavirus. Dix grandes maisons d'édition romandes ont constaté une augmentation sans précédent dans l'arrivage de manuscrits.

Un hiver et un printemps à huis clos ont nourri les velléités littéraires des écrivain·e·s romand·e·s. Si il n'y pas de statistiques précises à ce sujet, certaines maisons d'édition romandes estiment avoir reçu 30% de manuscrits supplémentaires depuis mars 2020.

Bien que les Editions Zoé n'ont pas constaté de changement notable entre l'avant et l'après confinement, les Editions d'Autre Part estiment quant à elles avoir réceptionné deux, voire trois fois plus de manuscrits. Le constat est identique du côté des Editions Slatkine. "J'ai presque envie de vous parler d'un tsunami qu'on est en train de constater en ce début d'année. On reçoit beaucoup de journaux du Covid", explique son directeur Ivan Slatkine.

Besoin thérapeutique

Les maisons d'édition consultées décèlent dans les manuscrits reçus un besoin thérapeutique: le bien-être que procure l'écriture se voit couplé à l'envie d'explorer des thèmes comme l'angoisse, la peur, à travers des récits intimes qui explorent le sentiment de solitude ainsi que par le biais de l'autofiction.

Il y a aussi l'envie de s'évader, de quitter le réel grâce à des récits de science-fiction ou postapocalyptiques. Une place est aussi donnée aux animaux de compagnie: sur sept manuscrits reçus cette semaine, raconte un éditeur, deux auteurs donnaient la parole à leur chien, c'est dire le besoin d'une portée symbolique du réel.

La qualité pas souvent au rendez-vous

Cet afflux de manuscrits n'est toutefois pas un gage de qualité, au contraire. Une grande partie de ces manuscrits ne se verront ainsi pas publiés. Jean Richard, responsable des Editions d'En bas, estime que cette écriture de l'immédiat doit décanter le réel mais a des qualités fort variables: "Cela peut être intéressant d'écrire sur le coup mais je préfère les textes qui émergent d'une situation. Et la qualité des textes écrits sur le coup n'est pas souvent au rendez-vous".

Reste que le point positif de la pandémie, de l'expérience du confinement, se situe dans la condition même des écrivains et écrivaines. C'est une expérience subie certes, mais qui a permis à plein de gens d'utiliser l'écriture comme un exutoire. Parce qu'être auteur ne se résume pas au fait d'envoyer un manuscrit à une maison d'édition.

Sujet radio: Miruna Coca-Cozma

Adaptation web: olhor

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