Fabrice Hadjadj, père de neuf enfants conçus "avec la même femme", précise-t-il, est plutôt bien placé pour observer la jeunesse. C’est d’ailleurs lorsqu’il racontait des histoires à ses enfants, il y a une dizaine d’années, que lui est justement venue l’idée de ce conte merveilleux. Vivement encouragé par l’éditrice Francine Bouchet, il vient donc de publier "Entre la meule et les couteaux", le premier des trois tomes qui constitueront la saga de "L’Attrape-Malheur".
Un personnage au double pouvoir
Tout commence dans un moulin, en un temps imaginaire, situé dans un Moyen-Age renaissant. C’est l’histoire de Jakob Traum (un nom qui suggère le rêve et les traumas), l’enfant qu’Anders le meunier du village et Norma ont espéré fébrilement plus de quinze ans, un miracle!
Oui mais - il y a toujours un mais dans les contes -, Jakob naît doté d’un double pouvoir. Il est invulnérable et tout à la fois d’une fragilité extrême quand il s’agit de protéger ceux qu’il aime. Comme si le bon Dieu et le diable avaient pactisé sur son berceau. Et voilà des parents condamnés à rendre la prunelle de leurs yeux insensible. Quitte à lui briser le cœur.
Si seulement nos cœurs étaient de pierre.
Un monde chaotique et bigarré
Dans "L’Attrape-Malheur", tout est ambivalent. Noir et blanc. Amour et mort. Jakob le pur va se coltiner toute la noirceur de l’âme humaine. C’est dans un univers impitoyable que notre super-héros va devoir tracer sa route. Et parmi tous les dangers qui le guettent: le pire, - celui qu’il ignore encore, parce que les attrape-malheurs mettent du temps à le comprendre -, le pire danger est celui de se laisser attendrir.
Son parcours commence entre le four de maman et le moulin de papa. Puis contraint à la fuite, dans le sillage du cirque des monstres de Barnoves qui lui promet la gloire mais qui compte surtout faire de Jakob, le "môme même pas mal", le clou de son spectacle. Est-ce que le fils du meunier deviendra un jour prince? Tout est possible dans le monde chaotique et bigarré imaginé par Fabrice Hadjadj.
J’ai essayé de retrouver cette voix du conteur qui est une sorte de voix immémoriale comme celle de la mythologie, et qui est capable de toucher toutes les générations, chacune différemment, chacune à l’endroit où elle est.
La Suisse, pays d'adoption de Fabrice Hadjadj
Né à Nanterre, en 1971, Fabrice Hadjadj est appelé à Fribourg pour diriger l’Institut Philanthropos de philanthropie chrétienne. Il s’installe en Suisse sans hésiter parce qu’il sait qu’il va y retrouver sa famille poétique et littéraire. Le pays de Ramuz, "un de mes auteurs préférés, confie-t-il, le pays des poètes Philippe Jaccottet et Gustave Roud que j’admire".
Autre indice, dans le décor imaginaire et très architecturé qui constitue la géographie de "L’Attrape-Malheur", Jakob naît à Rarogne, le seul lieu identifiable du roman. Coïncidence? Même pas. Hadjadj a choisi cette localité en guise de clin d’œil au pays d’adoption de Rainer Maria Rilke, le poète qu’il révère et qui a choisi Rarogne/Raron pour y faire édifier sa dernière demeure.
Marlène Métrailler/aq
Fabrice Hadjadj, "L’Attrape-Malheur – Entre la meule et les couteaux", aux éditions La Joie de Lire.
Dans le cadre du Salon du livre en ville, à Genève, Fabrice Hadjadj aurait dû être présent au Living-room, samedi 31 octobre pour parler de "L’Attrape-malheur". Cette rencontre a malheureusement été annulée.
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