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"La position de schuss" de Loris Bardi, histoire d’une articulation

Loris Bardi
Entretien avec Loris Bardi, auteur de "La position de schuss" / QWERTZ / 34 min. / le 22 septembre 2020
Premier roman du Français Loris Bardi, "La position de schuss" explore l’âge charnière de la cinquantaine dans un récit à la fois drôle et mélancolique.

Thomas Haberline est une star. Dans le milieu chic qu’il fréquente à New York, son nom circule auprès des icônes de la pop et des people arty. Et pourtant l’homme n’a rien d’un artiste, ou si peu: Haberline pratique la chirurgie orthopédique, discipline médicale qu’il apparente à l’art de la sculpture.

Mais en secret, le narrateur de "La position de schuss" n’a qu’un désir: devenir écrivain. Et pour cela, il est prêt à mettre en péril sa carrière. En suivant l’exemple d’Hemingway ou de Burroughs, il se jette à corps perdu dans les vertiges de l’alcool, ce "lubrifiant entre la vie et la fiction". Mais il a beau lubrifier, la fiction lui résiste, et l’oeuvre rêvée ne prend pas.

A l’intersection de la folie et de l’ivresse, j’imaginais redessiner entièrement le système vasculaire de l'imaginaire, maîtriser l’intellect comme personne avant moi.

Extrait de "La position de schuss"

Il y a comme un os

Réalisateur de films et de fictions radiophoniques, Loris Bardi est entré, lui, en littérature, avec un roman aussi drôle que délicatement mélancolique. Car si le "schuss" du titre désigne d’abord un geste médical, il symbolise aussi la glissade périlleuse à laquelle se livre son narrateur, en pleine crise de la cinquantaine.

Spécialiste de l’ossature, Thomas Haberline découvre au fil du récit combien ce qui affleure lui échappe. Lui qui a pour spécialité la pose de prothèses du genou se trouve bien emprunté dès lors qu’il s’agit de comprendre comment articuler son passé flamboyant à la seconde moitié de vie qu’il amorce. Autour de lui, tout bouge: son fils adolescent prend son envol, sa pratique médicale est menacée par une robotisation croissante et les mots désignant les parties du squelette humain changent, sans qu’il en soit informé.

Tout le roman s’articule ainsi autour de cette parenthèse désenchantée, ce moment de flottement aux allures de gueule de bois qui débouche, in fine, sur un nouveau départ. Le temps pour le narrateur d’adopter, dans un schuss au ralenti, la position du lâcher-prise, acceptant de s’en remettre aux dynamiques émotionnelles qui lui font de généreux appels du pied.

Nicolas Julliard/aq

Loris Bardi, "La position de schuss", Ed. Le Dilettante

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