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Le silence autour du viol au coeur du premier roman de Marcia Burnier

Marcia Burnier, autrice de "Les Orageuses". [Editions Cambourakis]
Entretien avec Marcia Burnier, auteure de "Les Orageuses" / QWERTZ / 18 min. / le 17 septembre 2020
Trentenaire née à Genève et vivant en France, Marcia Burnier réussit avec "Les Orageuses" l’exploit de dire la souffrance des femmes violées sans les victimiser.

Leurs histoires sont différentes, mais les conséquences sont identiques: se taire de peur de n’être pas comprise, ou parler sans obtenir la justice attendue. Se replier, éviter l’espace public, dissimuler ou meurtrir son corps.

La force de la sororité

La couverture du livre "Les Orageuses" de Marcia Burnier. [Cambourakis]

Elles sont sept: Lucie, Inès, Louise, Mia, Leo, Nina et Lila. Toutes ont eu affaire à un homme qui ne se perçoit pas comme un violeur. Voilà pourquoi elles organisent des expéditions punitives chez ceux qui vivent tranquilles après avoir brisé l’une d’elles.

Elles saccagent mobilier et vaisselle, taguent les murs de l’appartement, emportent le matériel informatique afin que, pour ces hommes, il y ait aussi "un avant et un après".

Elles n'agressent pas physiquement le violeur, elles prennent simplement leur destin en main pour en finir avec l’impunité. Agir ensemble pour se réparer puisque la justice – dont Mia répertorie systématiquement les décisions en assistant aux audiences correctionnelles – punit moins sévèrement les violeurs que les voleurs.

Il s'agit de puiser des forces dans "cette amitié féminine souvent dévalorisée" selon Marcia Burnier, qui rend ici hommage à la sororité.

Cinq mois de prison avec sursis parce qu’elle avait cassé le nez d’un mec qui l’avait agressée.

Marcia Burnier, "Les Orageuses"

L’euphorie de l’action

Le roman de Marcia Burnier parle de réparation et non de vengeance. Cet "espace de réparation" qu'offrent l'écoute et la détermination collectives, elle en a éprouvé elle-même l'action bénéfique. Le livre décrit un processus collectif qui sort les femmes de l'isolement où les maintiennent l'incompréhension de leur entourage et la honte de ne pas s’être assez défendues.

Elles n’avaient jamais rien fait comme il fallait, pas crié assez fort, pas dit non suffisamment fort.

Marcia Burnier, "Les Orageuses"

Il y a des moments de joie et de tendresse dans "Les Orageuses", qui se garde de trop détailler les agressions sexuelles commises. Publié dans la collection féministe "Les Sorcières" aux éditions Cambourakis, le roman de Marcia Burnier donne confiance en ce que l'autrice Mona Chollet nomme "la puissance invaincue des femmes".

Geneviève Bridel/aq

Marcia Burnier, "Les Orageuses", Cambourakis, 2020.

Marcia Brunier présente son livre à la Librairie La Dispersion à Genève le 15 octobre à 18h30.

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