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La grogne des libraires, exclus des programmes de soutien à la culture

Olivier Babel, directeur des Presses Polytechniques Universitaires Romandes. [Alain Herzog.]
Lʹinvité: Olivier Babel / Six heures - Neuf heures, le samedi / 8 min. / le 13 juin 2020
Les libraires indépendants célèbrent ce samedi leur "Fête de la librairie", qui réunit près de 500 libraires francophones. En Suisse, le secteur fait grise mine face au manque de soutien suite au Covid-19 mais lance "une monnaie livre" pour sortir de la crise.

Dans un contexte de crise pour le secteur du livre, fortement impacté par la crise du Covid-19, cette fête, qui devait se tenir à la mi-avril, est celle du livre mais aussi des librairies indépendantes, dans lesquelles les lecteurs se voient proposer une offre personnalisée.

C'est donc une journée qui permet de mettre à l'honneur le travail des libraires, explique dans La Matinale de la RTS Olivier Babel, secrétaire général de Livresuisse, l'association interprofessionnelle du livre.

Celui-ci note que la réouverture des commerces le 11 mai s'est passée de manière très enthousiasmante, avec un public nombreux, fidèle comme nouveau, qui était au rendez-vous, et notamment pour acheter des livres suisses, ce qui est réjouissant.

Exclusion "incompréhensible" des aides fédérales

Toutefois, le secteur fait face à de fortes difficultés économiques. Avec la crise du Covid-19, les éditeurs ont dû renoncer à mettre en vente un grand nombre de nouveautés, engager des frais sur des livres qui n'ont pas pu être distribués, et ont été contraints d'alléger leur programme.

Comme beaucoup, le milieu a donc souffert, et la reprise sera lente et progressive. D'autant que les libraires, éditeurs et diffuseurs ne bénéficient pas du plan d'aide de la Confédération à la culture, car ils sont considérés comme des "entrepreneurs" et pas des "acteurs culturels".

Une exclusion qui provoque la colère des libraires, qui l'ont exprimée notamment dans une tribune signée par une quarantaine de libraires et éditeurs romands, et que dénonce Olivier Babel. Ce dernier exprime une "incompréhension totale d'avoir été écarté de ce dispositif de soutien aux acteurs culturels", estimant qu'il est "certain que le livre est un secteur culturel important". Il évalue qu'il y aura "25 à 30% de pertes sur l'année pour les éditeurs".

Plusieurs interpellations ont été faites aux autorités fédérales et cantonales pour alerter sur la situation précaire du secteur, dit-il, mais qu'elles ont "reçu des réponses qui étaient à chaque fois très politiques ou laconiques".

Lancement d'une "monnaie-livre"

À défaut, le secteur a décidé de prendre les choses en main et d'imaginer un plan de relance qui puisse bénéficier à l'ensemble de la chaîne, de l'auteur au libraire. Ainsi, Olivier Babel a annoncé le lancement prochain d'une grande campagne  de promotion.

Celle-ci s'articulera principalement autour du lancement d'une "monnaie-livre" grâce à un financement participatif. Il s'agira de bons d'achat dont la valeur sera doublée, afin d'inciter les lecteurs à se rendre massivement en librairies.

Concrètement, un bon de 20 francs aura une valeur d'achat de 40.- dans une librairie. Le projet prévoit également de mettre en avant la production éditoriale suisse.

Propos recueillis par Yann Amedro

Texte web: Pierrik Jordan

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