Publié

Pascal Dessaint, du roman noir aux chemins verts

L'écrivain Pascal Dessaint. [DR - Isabelle Hochart]
Entretien avec Pascal Dessaint, auteur de "Vers la beauté, toujours!" / QWERTZ / 25 min. / le 10 juin 2020
Auteur de nombreux polars, le Français Pascal Dessaint est un grand amoureux de la nature et de la marche. Son nouveau livre, "Vers la beauté, toujours!", témoigne de ce goût pour les beautés du monde, découvertes pas à pas.

On voit volontiers le polar comme une affaire urbaine, diagnostic de la déraison des cités tentaculaires. Le crime, pourtant, n'est pas le produit de l'exode rural. La campagne, la nature hostile se prêtent à merveille aux intrigues macabres, aux secrets fétides, aux pulsions mortifères. Le roman noir rehaussé de vert a ses adeptes, à l'image de Pascal Dessaint.

Auteur d'une bonne vingtaine de polars, le Français est avant tout un grand amoureux de la nature et de ses beautés. Entre deux récits noirs, et parfois même au cœur de ceux-ci, l'auteur s'adonne à la description minutieuse d'un paysage aimé, d'un oiseau rare ou d'un bocage enchanteur.

Car l'homme est un marcheur. Cette pratique, inscrite depuis longtemps dans son rapport au monde, est aujourd'hui le sujet de son nouveau livre: "Vers la beauté, toujours!", première collaboration avec La Salamandre.

Des noms enchanteurs

Enfant de Dunkerque, Pascal Dessaint vit aujourd'hui à Toulouse, à proximité de ces Pyrénées qui l'attirent inlassablement. Livre de réflexions sur l'art de marcher, "Vers la beauté, toujours!" présente d'abord un florilège de randonnées secrètes dont la toponymie a de quoi stimuler l'imaginaire du lecteur en voie de déconfinement: le hameau de Castagnols, la vallée de la Gourdouze, le Mont Valier sont autant d'étapes au nom savoureux que magnifient l'observation d'une pie-grièche écorcheur ou d'un circaète Jean-le-Blanc.

Dans son sac de marcheur, qu'il décrit par le menu (vin compris), Pascal Dessaint n'oublie jamais ses lectures. Jalonné de références aux romanciers américains, le livre salue ces auteurs qui lui ont confirmé la possibilité d'une connivence entre l'art du roman et l'amour du paysage: Edward Abbey et son "Désert solitaire", Raymond Carver, Jim Harrison ou Rick Bass, avec lequel il part sur la piste de l'ours.

"Je préfère penser qu'il existe encore un lieu vierge quelque part, et que mes pas vont m'y conduire. Je suis disposé à croire que ce lieu se trouve tout près de là où je suis. Même si ce lieu ne représente que quelques mètres carrés. Pourquoi pas?

Extrait de "Vers la beauté, toujours!" de Pascal Dessaint (Ed. La Salamandre)
La couverture du livre "Vers la beauté toujours !" de Pascal Dessaint. [Editions Salamandre.]
La couverture du livre "Vers la beauté toujours !" de Pascal Dessaint. [Editions Salamandre.]

A la lecture de son petit traité, c'est à un autre Américain qu'on se prend à songer: David G. Haskell, l'homme qui décrivit pendant un an le sort d'un mètre carré de forêt des Appalaches ("Un an dans la vie d'une forêt", Ed. Flammarion).

Car Pascal Dessaint examine avec la même minutie tout ce que la marche entraîne avec elle: le goût du partage, l'humour salvateur, l'apprentissage de la peur, les joies de l'amour, l'écho du souvenir, la démangeaison politique.

Marcher, c'est le premier acte de celui ou celle qui se lève et refuse le pas cadencé qu'imprime notre ère frénétique. La marche, comme l'écriture, fait le choix de la lenteur, et cette lenteur est aujourd'hui porteuse d'un avenir: "Je marche parce que ça me semble encore un motif d'espérer", écrit ainsi Pascal Dessaint dans ce livre tendre, pétri d'une humanité joyeuse et gourmande.

Nicolas Julliard/ld

Pascal Dessaint, "Vers la beauté, toujours!", éditions de La Salamandre.

Vous aimez lire? Abonnez-vous à QWERTZ et recevez chaque vendredi cette newsletter consacrée à l'actualité du livre préparée par RTS Culture.

Publié