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Joël Baqué est passé de la police à l’écriture grâce à un livre abandonné

L'écrivain Joël Baqué. [AFP - Joel Saget]
Entretien avec Joël Baqué, auteur de "La mer c'est rien du tout" / Caractères / 7 min. / le 26 janvier 2020
Depuis début janvier, l’auteur languedocien Joël Baqué demeure à La Chaux-de-Fonds, le temps d’une résidence d’écriture. Etonnant parcours que celui de cet ancien CRS converti à la poésie concrète.

"Je connaissais La Chaux-de-Fonds par l’œuvre de Le Corbusier, mais je ne savais pas qu’elle était construite comme une ville américaine, dépourvue de centre" confie Joël Baqué quand on lui demande s’il est sensible à l’esprit du lieu. Cette ville haut perchée doit paraître bien exotique à ce méridional installé en résidence d’écriture à l’invitation du festival littéraire "Mille fois le temps".

Au cours de son séjour, l’écrivain a rencontré des étudiants de l’Institut littéraire suisse de Bienne. "J’ai passé plusieurs heures avec eux et commenté leur projet d’écriture avec le souci de leur être utile", dit-il avec modestie. Car aborder l’écriture de façon concrète, sans a priori théorique, reste pour lui un souci permanent. Pas étonnant lorsqu’on connaît son parcours de vie.

Entré en écriture grâce à Francis Ponge

Joël Baqué a passé son enfance dans un village de l’Hérault (son accent mélodieux en témoigne) dans un climat familial pesant. C’est donc pour y échapper qu’à l’âge de 17 ans il est devenu apprenti gardien de la paix avant de poursuivre sa carrière dans la Police nationale. Jusqu’au jour où une révélation s’est imposée à lui.

J’ai commencé à écrire après qu’un vacancier m’eut remis un livre de Francis Ponge trouvé près du poste de secours où chaque matin je hissais le drapeau vert (parce que la Méditerranée c’est rien du tout).

Joël Baqué, dans "La mer c’est rien du tout"

Incorporé dans la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS), Baqué effectuait son service comme maître nageur-sauveteur en bord de mer, lorsque, un jour, on lui rapporte un livre abandonné sur la plage: "Entretiens de Francis Ponge avec Philippe Sollers". La découverte de ce livre lui fait l’effet d’une détonation et marque le début de son chemin d’écriture. En bon autodidacte, le policier se constitue une bibliothèque personnelle en dévorant les œuvres complètes. Avec toujours en tête l’affinité qui le lie à l’œuvre de Francis Ponge.

"J’ai la même sensibilité que Ponge, confie-t-il. J’aime les textes descriptifs qui font la part belle au sensitif, sans me préoccuper du sujet". Ainsi, Joël Baqué commence à publier des formes poétiques. Puis, à la suite d’une rupture amoureuse, il publie un premier roman suivi par trois autres. Le dernier, "L’arbre de connaissance" a paru en septembre dernier aux éditions P.O.L.

Sa vie racontée en prose poétique

Son parcours de vie, le policier devenu écrivain l’a raconté dans un récit en prose poétique et fragmentaire intitulé "La mer c’est rien du tout".

"Les choses circulent dans mon dos et parfois se rencontrent autour d’un mot.

Tout n’est pas vrai mais rien n’est faux.

J’ai toujours aimé le peuple grêle des livres".

Joël Baqué, La mer c’est rien du tout

Le comédien Roland Vouilloz lira de larges passages de "La mer c’est rien du tout" en ouverture du festival littéraire "Mille fois le temps" à La Chaux-de-Fonds. L’assurance d’une belle rencontre entre deux frères en sensibilité.

Jean-Marie Félix/aq

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