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"Hellblazer", 6'000 pages pour une saga culte de la bande dessinée

Jamie delano presente hellblazer tome 1
Jamie delano presente hellblazer tome 1.
A la fin des années 1980, l’éditeur californien DC Comics invite les scénaristes anglais les plus pop à venir booster la bande dessinée américaine. C’est l'"invasion britannique". Il en résulte le label Vertigo dont la saga "Hellblazer" devient l’emblème.

Depuis la fin des années 1970, l’industrie américaine de la BD est en crise. Une équipe des éditions DC Comics (Superman, Batman, etc…) envoie Karen Berger au Royaume-Uni y recruter des scénaristes qui ont le vent en poupe, à commencer par Alan Moore. Ainsi naît, au début des années 90, le label Vertigo: une bande dessinée politique, engagée, littéraire à mille lieues des superhéros en cape et collants de l’époque. De ce choc de deux cultures va naître toute une génération de personnages masculins et féminins anticonformistes. Une petite révolution chez les Yankees.

Longtemps publié exclusivement en langue anglaise, le fonds du label Vertigo est aujourd’hui édité et réédité en langue française dans une collection des éditions Urban Comics. Le premier tome de cette collection "Jamie Delano présente Hellblazer" vient de paraître. Un livre de 454 pages qui regroupe les épisodes scénarisés par Jamie Delano. A mettre sous le sapin, à en croire Boris Bruckler, spécialiste de la bande dessinée interrogé par la RTS.

>> A écouter: Boris Brucker, bibliothécaire au centre BD de la ville de Lausanne :

Boris Brucker, spécialiste en bandes dessinées. [RTS - Marlène Métrailler]RTS - Marlène Métrailler
Entretien avec Boris Bruckler, bibliothécaire au Centre BD de la Ville de Lausanne / Caractères / 15 min. / le 15 décembre 2019

John Constantine Hellblazer

La série "Hellblazer", publiée mensuellement entre de 1988 à 2013, s'étale sur plus de 6'000 pages et fait appel à une quinzaine de scénaristes et à de très nombreux dessinateurs. Cette saga suit les pérégrinations de John Constantine, un enquêteur de l’occulte qui combat les forces du Mal et dont les aventures débutent à la fin des années 1980 en Angleterre.

Constantine est un personnage très éloigné des superhéros classiques de la BD américaine. Boris Bruckler précise: "il est cynique, toxique pour son entourage et pour lui-même, manipulateur, menteur, solitaire, cruel mais pourtant protecteur. C'est un antihéros mais c’est aussi un héros du "peuple", une figure de l'errance et de la marge. D’aventure en aventure, et d’année en année, il reste un témoin fidèle de son temps. Son parcours est jonché des âmes d’amis qu'il a directement ou non condamnés aux Enfers, d’où ils viennent régulièrement le hanter par ailleurs".

Bon Dieu, qu’elle aille au diable, cette société du "aide-toi toi-même"… où les forts s’aident à faire tout ce qui leur passe par la tête, et où les faibles doivent se débrouiller seuls

Jamie Delano, à propos du programme politique de M. Thatcher

"Hellblazer, précise Boris Bruckler, va bien plus loin que le simple plaisir de se faire peur. C’est une série avec un parti pris politique et social tout à fait détonnant, assumé et revendiqué. Une série d’horreur, peut-être, mais non dénuée d’humour et de cynisme, totalement ancrée dans la réalité britannique de la fin des années 80 au début des années 2010".

Marlène Métrailler/aq

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La cuvée du 9e art 2019 selon Boris Brucker

"Eclectique… Pas forcément détonante, mais personnellement j’ai trouvé à la fois des bandes dessinées et des romans graphiques de très grande qualité, à la fois grand public et pointus. En termes de dessins, en termes de scénario… Je suis plutôt satisfait et je trouve que le neuvième art, en termes artistiques, se porte très bien".

Boris Bruckler est bibliothécaire au Centre BD de la ville de Lausanne et enseigne l’histoire et les usages de la bande dessinée à la Haute Ecole de Gestion de Genève. Il publie un article intitulé "John Constantine Hellblazer: une série manifeste de l’Invasion britannique" aux éditions du Murmure, à paraître au début 2020.