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Natalia Ginzburg, une grande plume italienne retraduite en français

L'auteure Natalia Ginzburg. [Leemage/AFP]
Entretien de Liana Levi, éditrice / Caractères / 18 min. / le 8 décembre 2019
Les éditions Liana Levi publient en poche "Les Voix du soir" de Natalia Ginzburg. Une initiative qui remet en lumière la modernité de cette écrivaine italienne farouchement antifasciste, disparue en 1991.

Coincée dans un bourg de la région de Turin, une jeune fille observe et retranscrit toutes les conversations qu’elle entend.

Peinture sans concession de la bourgeoisie étriquée du nord de l’Italie, portrait sensible d’une femme en devenir qui prend conscience de son individualité, "Les voix du soir" est un très beau roman signé par une autrice restée trop méconnue de ce côté-ci des Alpes, Natalia Ginzburg (1916-1991).

La couverture du livre "Les voix du soir" de Natalia Ginzburg. [Liana Levi]
La couverture du livre "Les voix du soir" de Natalia Ginzburg. [Liana Levi]

Antifasciste victime avec son époux Leone Ginzburg de la répression mussolinienne, cette éditrice, romancière, nouvelliste et dramaturge, traductrice d’auteurs français (les Italiens lui doivent la découverte de Proust), fut une grande figure de la vie culturelle d’après-guerre.

Un livre qui surprend par sa modernité

Il est temps aujourd’hui de se replonger dans son travail, et en particulier dans ce petit livre qui surprend par sa modernité et la radicalité de son propos. "Elle fut une des premières à utiliser une écriture dépouillée", confirme à la RTS l’éditrice Liana Levi, grande passeuse de la littérature italienne en France.

Celle-ci rappelle la place centrale qu’occupait Ginzburg dans le monde intellectuel italien de son époque: "Ces gens qui sortaient d’une période difficile formaient comme une famille. On était dans la pleine période du néoréalisme. Le cinéma et littérature étaient très imbriqués. Il y avait des passerelles entre les deux".

Ce texte subtil est aussi politique dans ce qu’il dit de ce monde étroit de la bourgeoisie catholique et industrieuse héritée du 19e siècle. Publié au début des années 1960, il montre l’étouffement ressenti par toute une partie de la jeunesse. "Elle décrit très bien ce qui a poussé les jeunes de cette génération à affronter leurs parents", confirme Liana Levi.

Sylvie Tanette/aq

Natalia Ginzburg. "Les voix du soir". Traduit de l’italien par Nathalie Bauer. Liana Levi collection Piccolo.

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