A la tête de la librairie indépendante genevoise Le Rameau d'or, Yann Courtiau est aussi l'auteur de "Frictions", un ouvrage qui tisse des liens entre musique et littérature, ses deux passions. Trois ans d'enquête pour montrer, par exemple, combien "L'étranger" de Camus a influencé le groupe The Cure ou comment les "Chants de Maldoror" de Lautréamont ont inspiré Bauhaus, Momus et Adamo.
Angot non! Yourcenar oui!
Espiègle, le libraire n'est pas avare de conseils et ne cache pas ses opinions personnelles. A l'image des journaux ou magazines qui se sont fait une spécialité d'établir leur liste des 10 ou 100 meilleurs livres, sa librairie a établi son propre classement. Jamais, par exemple, il ne vous recommandera un roman de Christine Angot qu'il déteste. A la place, il vous dirigera vers "Les Mémoires d'Hadrien" de Marguerite Yourcenar, un roman historique de 1951 devenu un classique, "c'est-à-dire une oeuvre élue par le temps et les critiques, qui est à la fois universelle et atemporelle".
Conseils sur mesure
Car comme tout amoureux de la littérature, Yann Courtiau ne va pas forcément vers les auteurs les plus récents. Dans la lecture, il y a aussi la relecture.
On n'invente plus rien aujourd'hui mais comme personne n'écoute, il faut sans cesse répéter.
Pour chaque client, le libraire facétieux a la solution. Un livre pour adolescent? "Siddharta" d'Hermann Hesse. Un chef d'oeuvre qui ne fait pas 1000 pages? "Le Roi du bois" de Pierre Michon. Un livre pour briller en société? "Comment parler des livres que l'on n'a pas lus?" de Pierre Bayard. Un chef d'oeuvre méconnu? Yann Courtiau n'hésite pas une seconde. "Saint-Genès ou La vie brève" (1943) de l'écrivain-médecin Roland Cailleux. "Proche de Céline et adorateur de Proust, il a écrit ce grand roman, dont chaque chapitre est écrit dans un style différent. Rarement un livre, qui plus est un premier livre, n'a atteint une telle intensité littéraire."
Propos recueillis par Xavier Alonso/mcm