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Jean-Claude Zylberstein, le chasseur de trésors littéraires

Jean-Claude Zylberstein, à Paris en 2013. [RTS - Charles Sigel]
Jean-Claude Zylberstein: un chasseur de trésors littéraires / Sous les pavés / 56 min. / le 8 décembre 2018
Le chemin de Jean-Claude Zylberstein a croisé des noms qui font rêver, lire et écouter. A 80 ans, l’avocat, éditeur et créateur de collections revient sur son parcours et son histoire d’enfant caché pendant la guerre.

Le titre du livre, "Souvenirs d’un chasseur de trésors littéraires" (Allary Editions) donne le ton: Jean-Claude Zylberstein aime les raconteurs d’histoire et privilégie une littérature de qualité destinée au plus grand nombre. Il éprouve autant de fierté d'avoir publié les œuvres complètes de Jean Paulhan que de nous avoir fait découvrir le juge Ti de Robert van Gulik. Et ce qui semble a priori un grand écart n’est que le reflet d’un esprit ouvert et infatigable. Sa passion: dénicher les œuvres méconnues ou disparues et ainsi "réparer des injustices". Peut-être parce qu’il fut, dans les années 40, un enfant caché.

Deux naissances

Jean-Claude Zylberstein évoque ses deux naissances: la première, en novembre 1938 à Paris, la seconde quelques années plus tard dans le contexte de la déportation des juifs, grâce au courage d’une famille d’accueil qui lui sauvera la vie et lui donnera le goût des livres et du jazz.

A la Libération, "j’agitais frénétiquement le drapeau américain en hurlant les noms d’Armstrong, Ellington et Artie Shaw, prononcé "artichaut" bien sûr. Cela m’a valu une quantité de chocolat et de bonbons de la part des GI!". Quant au père du petit Coco, juif d’origine polonaise raflé par la police française en 1941 et interné à Drancy, il devra paradoxalement son salut à son patronyme. Les deux premières lettres de son nom –zy- le reléguaient en queue de liste. Il put ainsi échapper au convoi pour l’Allemagne.

Indépendance, élégance et influence

Durant toute sa vie, Jean-Claude Zylberstein a fait des choix très personnels. "Sans doute est-ce pour cela que je n’ai pas voulu fonder ma propre maison d’édition. Pour n’avoir pas à faire de compromission". Son nom est cependant associé à la création de plusieurs collections devenues célèbres, notamment Grands Détectives et Domaine étranger chez 10/18, Pavillon, chez Robert Laffont, Texto, chez Tallandier et le Goût des autres aux éditions Belles lettres.

Le goût des autres, précisément, caractérise un parcours marqué par les livres mais aussi par la musique. Découvreur de talents, il fut pendant deux décennies chroniqueur de jazz puis de polars au Nouvel Observateur. C’est tardivement que Jean-Claude Zylberstein devient avocat  spécialisé dans le droit d’auteur. Il aura pour clients des noms comme Françoise Sagan, Daniel Buren ou encore Albert II de Belgique...

La motivation

"Ma motivation s’appelait Marie-Christine" répète inlassablement Jean-Claude Zylberstein qui dédie son livre à son épouse, décédée il y a deux ans. "A celle qui a su transformer une citrouille en carrosse". Marie-Christine, avocate comme lui, femme discrète et forte dont la présence se faufile entre les pages et les souvenirs heureux.

Anik Schuin/aq

"Souvenirs d'un chasseur de trésors littéraires", Jean-Claude Zylberstein, Allary Editions, 2018

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