Dans l’Angleterre de l’Après-Guerre, des petits garçons turbulents estiment qu’il n’y a pas d’autres choses à faire dans la vie à part rire.
Nos petits garçons dans l’Après-Guerre vont à l’école, rigolent, et finissent tous dans diverses universités prestigieuses, Oxford ou Cambridge, en droit, en histoire, en sciences sociales et en médecine. Ces garçons, devenus de brillants jeunes hommes, se nomment Graham Chapman, John Cleese, Eric Idle, Terry Jones et Michael Palin.
Fascinés par le théâtre et par la comédie, ils intègrent chacun les cours de théâtre et d’impro de leurs universités respectives. Quant à Terry Gilliam, l’Américain du groupe, c’est John Cleese qui le ramène dans ses bagages.
Cette troupe de joyeux drilles se voit offrir une occasion unique de prouver leur talent par un producteur de la BBC. Un créneau vient de se libérer, une fois par semaine, très tard, avec très peu de téléspectateurs potentiels.
Les producteurs de BBC1 ne voient dans la tranche horaire qu’ils leur ont laissée qu’un programme mineur, sans beaucoup d’importance, ni de risques d’ailleurs. Ils leur laissent carte blanche, les inconscients.
Le 5 octobre 1969, a lieu la première d’une émission qui deviendra cultissime. Le Monty Python's Flying Circus. 20 minutes pendant lesquelles ils enchaînent sketches et animations dessinées. Du jamais vu. Jamais la télévision bien-pensante n’a connu une telle déferlante d’humour décalé, jouant sur les mots, sur les situations, tirant sur tout ce qui bouge.
>> A voir: Le générique de l'émission "Monty Python's Flying Circus"
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Autoriser les cookies L’émission est publique. Et c’est devant le public, présent ce soir-là, croyant être venu voir un numéro de cirque, qu’ils se cherchent, se testent, se jaugent. Le public rit. Les producteurs moins. Ils sont allés trop loin pour une première.
Les pontes de la très sérieuse télé britannique tentent vainement de jouer les censeurs. Il faut dire que les Monthy Python osent tout: religion, politique, bonnes mœurs, monarchie, mariage, armée, sexe, philosophie.
Avec derrière, évidemment, de solides références littéraires, historiques, sociales et culturelles. A six, ils se partagent tous les rôles, ils chantent, se travestissent. Terry Gilliam dessine et anime des séquences entre les sketchs particulièrement réussies.
L'équipe des Monty Python en 1969. En bas de gauche à droite: Terry Jones, John Cleese, Michael Palin. En haut, de gauche à droite: Graham Chapman, Eric Idle et Terry Gilliam. [AP IFC - Keystone]
Ils ont toutefois tous des rôles de préférence: Graham Chapman est célèbre pour ses rôles de militaire, policier ou médecin, John Cleese est excellent en client pointilleux, anglais jusqu’au bout des ongles, Eric Idle joue les libidineux ou les vendeurs agaçants, Terry Jones fait très bien les femmes, Michael Palin les ouvriers. Quant à Terry Gilliam, il se cache derrière ses animations.
L’alchimie fonctionne et les audiences montent. La BBC ne peut arrêter frontalement la série. Elle multiplie les prétextes pour se défaire des Monty Python, allant jusqu’à chercher à effacer les bandes de leurs premiers sketches. Un crime évité de peu par Terry Gilliam qui rachète les archives pour les mettre à l’abri.
Le Monty Python's Flying Circus devient très vite une institution. Du 5 octobre 1969 au 5 décembre 1974, les Monty Pythons produisent 45 épisodes devenant la référence absolue de l’humour anglais. Des histoires sans queue ni tête et pourtant hautement spirituelles.
Les Monty Python deviennent des stars. Ils sont acclamés en Angleterre. Ils triomphent aux Etats Unis. Ils partent en tournée. Ce sera un show dantesque au Hollywood Bowl avec des scènes d’hystérie collective et un public connaissant les répliques des sketchs par cœur.
Les Monty Python sont sans doute les humoristes les plus drôles de l'histoire de l'humanité.
Les Monty Python délaissent pourtant la télé pour se tourner vers le grand écran. Un premier film tourné comme une succession de sketchs intitulé: "La Première folie des Monty Python" ("And Now For Something Completely Different") en 1971, puis en 1975, alors que l’Angleterre agonise sous le chômage et que l’Europe se lamente, sort au cinéma "Sacré Graal!".
Terry Jones et Terry Gilliam se retrouvent devant et derrière la caméra avec un budget si serré que nos preux chevaliers doivent se contenter de noix de coco pour faire les chevaux. Ils les claquent dans les mains, imitant le bruit des sabots et galopent sans montures. Ce premier tournage est très difficile.
Et il y a Graham Chapman complètement accro à l'alcool. Comme il ne trouve pas à boire sur le tournage, il carbure à l’Antabuse, médicament employé en cas de dépendance à l'alcool, et souffre de delirium tremens.
Et puis arrive 1978 et le tournage de leur chef-d’œuvre, leur film le plus abouti, "La Vie de Brian".