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Le foot, la météo ou Netflix, autant de menaces qui pèsent sur les cinémas

Plus il fait beau, moins les gens vont au cinéma. [Keystone - Alessandro della Valle]
Les cinémas suisses ont perdu près d'un cinquième de spectateurs en un an / La Matinale / 1 min. / le 30 juillet 2018
Coupe du Monde de football, beau temps, force de Netflix ou manque de diversité sont autant de raisons qui pèsent sur la fréquentation des cinémas en Suisse. Entre janvier et juin, le nombre d'entrées a chuté de 18,2% par rapport à 2017.

Ces chiffres publiés par la NZZ am Sonntag inquiètent les milieux du cinéma en Suisse, et ce d'autant plus que la fréquentation pour le mois de juillet s'annonce catastrophique.

Mais ces chiffres reflètent aussi une évolution constante depuis les années 2000: le prix des billets augmente, alors que la fréquentation diminue. On estime aujourd'hui qu'en moyenne chaque Suisse ne se rend que deux fois par année au cinéma.

De multiples raisons

Des températures clémentes dès fin avril, une présence toujours plus importante de Netflix, des tarifs qui augmentent, mais surtout une culture cinématographique qui se perd expliquent ce déclin. On parle moins de cinéma, notamment parce que les médias, les journaux en tête, n'ont plus ou presque plus de critiques de film. Et du coup on va moins au cinéma.

Autre raison avancée, la programmation des cinémas ne serait plus du goût des cinéphiles. Hollywood a tendance à oublier peu à peu les goûts européens et produit avant tout des films destinés aux jeunes Asiatiques, un marché en pleine croissance.

Enfin, l'offre culturelle est toujours plus riche en Suisse, avec de multiples festivals, concerts ou open air, et les salles de cinéma souffrent de la concurrence.

Les exploitants doivent s'adapter

"On peut expliquer cette baisse de fréquentation par la météo ou le football, mais on doit aussi chercher ailleurs", juge Vincent Adatte, co-directeur de la Lanterne magique, dans l'émission "Vertigo". Pour lui, si les exploitants ont fait le nécessaire pour s'adapter aux nouvelles donnes technologiques du cinéma spectacle, cela ne suffit pas.

Vincent Adatte constate que les festivals continuent d'attirer du monde, et même toujours plus de monde. "Quand on fait de l'événementiel, cela attire du monde, alors que le film en soi ne suffit plus", estime le spécialiste de cinéma. Pour lui, il est aujourd'hui nécessaire de mettre l'accent sur la découverte du cinéma en salles, notamment pour les enfants, en vue de donner le goût de la cinéphilie. "Une expérience marquante peut éveiller des vocations de spectateurs."

Vincent Adatte juge en outre qu'il serait intéressant de travailler sur un prix du billet plus favorable, notamment pour les jeunes, "car c'est clairement un frein aujourd'hui". "Et de travailler sur une affiche plus diversifiée, où l'on donne à tous les films une chance égale, pour essayer d'exciter la curiosité. Enfin, il faut aussi qu'il y ait des gestes de la part des exploitants", conclut-il.

Amir est un passioné de cinéma. [Fotolia - Arogondo]Fotolia - Arogondo
Cinéma: le public boude les cinémas suisses / Vertigo / 5 min. / le 30 juillet 2018

>> L'interview de Vincent Adatte dans Vertigo:

Sujets radios: Rafaël Wolf et Katja Schaer

Adaptation web: Frédéric Boillat

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