Publié

La Bernoise Bettina Oberli lève le voile sur le tournage de son "western"

Bettina Oberli tourne son premier film en français dans le Jura dès le 7 août. [Keystone - Ayse Yavas)]
Bettina Oberli a débuté le tournage de son premier film en français le 7 août dans le Jura. - [Keystone - Ayse Yavas)]
Coproduit par Rita Productions, "Le Vent souffle" raconte une histoire d'amour et d'adultère, avec une éolienne en toile de fond. Pour la première fois, la cinéaste bernoise tourne en français. La sortie du film est prévue en 2018.

Faut-il forcément des images pour rendre compte d'un tournage de film? Non, bien sûr. Souvent les sons suffisent. C'est le pari de l'émission Nectar qui s'est rendu dans les Franches-Montagnes sur le tournage de "Le Vent tourne", de la cinéaste bernoise Bettina Oberli.

Pourquoi le Jura? "Il n'y a que des sapins, des prés et le ciel. Cela fait penser à un paysage de western", dit la réalisatrice de "Les Mamies ne font pas dans la dentelle", "Lovely Louise" et "Tannöd", trois succès outre-Sarine.

L'éolienne de la discorde

Ce décor aride et pur convient parfaitement au récit: une histoire d'amour et d'adultère, traversée par des questions écologiques. "Je voulais raconter une histoire de sentiments dans un milieu qui n'a ni le temps, ni la place pour les grands drames", poursuit la Bernoise qui, pour la première fois, tourne entièrement en français, avec des acteurs français. Mélanie Thierry et Pierre Deladonchamps y incarnent Pauline et Alex, deux militants écologistes qui veulent installer une éolienne dans leur ferme. Pour ce faire, il engage Samuel (Nuno Lopez) qui va bouleverser la vie amoureuse de Pauline et chambouler sa vision du monde.

>> A écouter le reportage sur le tournage de "Le Vent tourne", de Bettina Oberli :

Bettina Oberli tourne son premier film en français dans le Jura dès le 7 août. [Keystone - Ayse Yavas)]Keystone - Ayse Yavas)
Bettina Oberli: "Le Jura, cʹest un paysage de western" / Nectar / 53 min. / le 10 octobre 2017

Secrets de fabrication

Comme les deux tiers du film se déroule en huis-clos, le choix du lieu était déterminant. Après plusieurs semaines de recherches, l'équipe a déniché la ferme idéale - et le coq qui va avec à en juger par ses vigoureux cocoricos.

On sait qu'il fait soleil ce jour-là parce que l'électricien doit trouver la meilleure solution pour faire croire que la scène dite "de la chambre à coucher" qui va être tournée se déroule au crépuscule. Il livre son petit secret pour créer l'illusion. On sait aussi qu'il y a des vaches et des cochons, et que la régisseuse a connu quelques frayeurs avec eux. Pas facile de diriger les bêtes. Parfois il faut faire appel à une doublure. C'est la fonction du sanglier empaillé que lustre l'accessoiriste et qui est censé "jouer" une truie dans la pénombre.

Oui, le cinéma c'est toute une constellation de métiers, dont celui de concepteur d'effets spéciaux. Même sur un film qui met la nature en majesté, il en faut. Ne vous êtes-vous jamais demandé comment on fait pour montrer des animaux morts dans une scène? Et bien on les fabrique, en silicone ou en latex!

Sortir de sa zone de confort

Coproduction suisse, belge et française, d'un budget de 4.4 millions de francs, c'est la première fois que la maison de production genevoise Rita Productions s'investit dans le projet d'un cinéaste alémanique. Sa productrice Pauline Gygax y croit:

Bettina est une star en Suisse allemande. Elle aurait pu continuer à faire ce qu'elle a déjà fait, au lieu de cela, elle a eu le courage de sortir de sa zone de confort pour se confronter à un cinéma plus proche de ce qu'elle aime comme spectatrice.

Pauline Gygax, productrice de Rita Productions, à Genève

Elle a pris aussi le risque d'une autre langue que la sienne. Pour le scénario, on lui a adjoint deux valeurs sûres, Antoine Jaccoud et Céline Sciamma, cinéaste mais aussi scénariste de "Ma Vie de courgette", le fleuron de Rita Productions. En écho à la réalisatrice, c'est une autre Bernoise qui a écrit la musique du film, Sophie Hunger.

Crédible en fermière

Comme le révélait la cinéaste en juin dernier, "Le vent tourne" est "le portrait d'une femme moderne et un film sur l'autodétermination dans une période d'apocalypse menaçante". Et cette femme, c'est Mélanie Thierry, maquillée pour ne pas faire croire qu'elle l'est.

Mais paraître naturelle ne suffit pas à être crédible. L'actrice, qui n'a qu'une petite amorce à faire ce jour-là, explique qu'elle a demandé à la production de pouvoir passer quelques jours dans les fermes des alentours pour comprendre le quotidien des paysans.

Quand on bêche pendant quatre heures, il faut savoir où ça fait mal dans le corps et s'ajuster, sans quoi personne n'y croira.

Mélanie Thierry, comédienne

Propos recueillis par Raphaële Bouchet/Marie-Claude Martin

Publié