Coécrit par les historiens de cinéma Gérard et Julien Camy, père et fils, "Sport & Cinéma" revient, sur près de 460 pages, sur les innombrables films de sport qui ont excité l'imaginaire des réalisateurs.
Sport et cinéma, un mariage de raison
Le livre "Sport et cinéma"
Édité aux éditions du Bailli de Suffren, cette somme considérable référence 1'200 films, liés à une soixantaine de sports différents, des interviews de sportifs, de comédiens et de cinéastes.
L'ouvrage "Sport et cinéma" a demandé 10 ans de travail à ses auteurs, Gérard et Julien Camy, historiens de cinéma et passionnés de sports. Un livre somptueux, richement illustré, qui vient combler une lacune étonnante. En effet, aucun ouvrage auparavant ne s’est intéressé à ce lien qui unit depuis toujours le sport et le cinéma.
Très vite, Gérard et Julien Camy se sont rendus compte qu'ils défrichaient une terre inconnue et qu'il existait beaucoup plus de films de sport qu'ils ne l'imaginaient.
La couverture du livre "Sport & Cinéma" de Gérard et Julien Camy. [Editions du Bailli de Suffren]
Les deux auteurs ont chapitré leur livre en fonction des types de sport traité. Boxe, basket, foot, handball, mais aussi des sports plus insolites comme le curling ou les fléchettes. Pour chaque sport, les films majeurs, et ceux plus méconnus. Avec, à chaque fois, une mise en perspective, des textes analytiques et des interviews.
Les auteurs ont dû contourner des aprioris coriaces pour trouver un éditeur. Preuve que les mondes du sport et du cinéma continuent à être opposés pour des raisons faussement intellectuelles.
"Le sport moderne est né en même temps que la photographie et le cinéma. Les règles modernes du football, du rugby, de la boxe sont nées là, entre 1850 et 1900. [...] Le premier long métrage du cinéma, c'est un film de boxe qui se tournait en 1897, qui va filmer un championnat du monde et qui montrait l'entièreté d'un match de boxe."
Gérard Camy, historien de cinéma et co-auteur de l'ouvrage "Sport et cinéma"
Le film de sport
Dès 1896, le cinéma filme des matchs de sport. Déjà en 1896, les caméras enregistrent des matchs de boxe, du cyclisme, de la gymnastique, du football, ou de l'alpinisme.
La fiction va s'y intéresser rapidement aussi, consciente du potentiel dramaturgique, romanesque et spectaculaire de ces histoires de sportifs. Le film de sport, c'est aujourd'hui un genre en soi.
Des sports comme marqueurs sociaux
De la boxe au basketball, en passant par le football américain ou l'équitation, chaque sport véhicule des marqueurs sociaux importants, que les cinéastes exploitent dans leurs films. L'une des idées fortes du livre, c'est de relier ces films à leur contenu social.
Les films de boxe, "Rocky" en tête, apparaissent ainsi souvent comme des success story où un prolétaire ou un oublié du système parvient à se hisser vers la reconnaissance.
Et que dire de tous ces films de basket ou de football américain qui abordent bien souvent des questions raciales, ou d'intégration au sein d'un groupe, symbole d'un pays tout entier.
Bref, certains sports sont liés à des marqueurs sociaux qui disent choses spécifiques sur la société, la politique, les classes…
"Il y a beaucoup de films aux États-Unis, de sports aux États-Unis qui posent le problème de la question raciale, de l'accession aux droits civiques. Tous ces problèmes là sont posés par le film de sport aux États-Unis."
Gérard Camy, historien de cinéma et co-auteur de l'ouvrage "Sport et cinéma"
Le cinéma pour sublimer le sport
Contrairement à la télévision, le cinéma ne jouit pas de l'effet de direct ou des moyens extraordinaires pour capter un match. Quelles sont les limites et les forces du septième art pour se distinguer du petit écran? L'un des grands intérêts du livre, c'est de se pencher sur la façon dont cinéastes, scénaristes et monteur ont mis en forme, ont restitué des séquences de matchs avec les moyens spécifiques du cinéma.
Pénétrer sur le ring de boxe. Entrer dans la tête du sportif. La force du cinéma est de permettre justement ce que la télévision n'a jamais pu faire. Non pas capter simplement, mais recomposer, restituer, sublimer le combat entre deux boxeurs comme dans "Raging Bull", "Rocky", ou "Ali". Styliser un match de football entre les prisonniers d'un camp allemand et une équipe germanique dans "A nous la victoire" de John Huston. Ou encore frôler les corps qui s'entrechoquent sur un terrain de football américain dans "L'enfer du dimanche" d'Oliver Stone.
"Ce qui m'intéresse dans le film de fiction qui parle de sport, c'est d'essayer de revivre un peu ce que peuvent vivre ou ressentir les sportifs."
Julien Camy, historien de cinéma et co-auteur de l'ouvrage "Sport et cinéma"
Des acteurs-sportifs et des sportifs-acteurs
Quand on évoque les films de sport, on convoque immanquablement les acteurs qui incarnent de grands champions à l'écran. Comment réussissent-ils à faire croire à une performance digne d'un athlète de haut niveau?
On se souvient de Robert Redford manier la batte de baseball dans "Le meilleur", Paul Newman en entraîneur d'une équipe de hockey dans "La castagne", de Robert de Niro boxeur dans "Raging Bull" ou encore Kevin Costner aussi à l'aise dans le baseball que dans le golf.
Et puis, il existe pas mal de comédiens qui ont commencé leur carrière comme sportif avant de bifurquer vers le septième art.
Sean Connery, préselectionné dans un grand club de foot britannique. Arnold Schwarzenegger, culturiste. Richard Burton, qui a pratiqué le rugby à un niveau professionnel.
Arnold Schwarzenegger dans "Pumping Iron" de George Butler et Mark Fiore en 1976-1977. [AFP]
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>> Retrouvez l'intégrale de cette série dans "Nectar" du 2 mars 2017 sur Espace 2:
Crédits
Une proposition de Rafael Wolf pour "Vertigo" du 27 février au 3 mars 2017, sur La 1ère.
Réalisation web: Lara Donnet