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Jacques Rozier, figure de la Nouvelle Vague, est décédé à l'âge de 96 ans

Portrait de Jacques Rozier durant le tournage de son film "marketing mix", en 1979. [Ina via AFP - Laszlo Ruszka]
Jacques Rozier, figure de la Nouvelle Vague, est décédé à l'âge de 96 ans / Le Journal horaire / 12 sec. / le 4 juin 2023
Cinéaste français du grand air et du grand large, Jacques Rozier, décédé à l'âge de 96 ans, est devenu grâce à une poignée de films seulement une figure de la Nouvelle Vague, admiré de ses pairs et de la critique.

Prix Jean Vigo en 1986 pour "Maine Océan", prix René Clair en 1997 pour l'ensemble de son oeuvre, Carrosse d'or en 2002 à Cannes, il a réalisé "Adieu Philippine" (1962), "Du côté d'Orouët" (1973) et "Les Naufragés de l'île de la Tortue" (1976). Quatre films en plus d'un demi-siècle...

Il en a tourné deux autres, "Fifi martingale" (2001), jamais sorti en salles, et "Le perroquet parisien" (2007), resté inachevé.

Anar au coeur tendre, amoureux des chemins de traverse, metteur en scène parfois incontrôlable, parfois en dilettante, mais aussi chercheur obsessionnel de l'image juste, il a également tourné une vingtaine de courts-métrages, souvent remarqués, et a travaillé pour la télévision.

Admiré par Jean-Luc Godard

En 2019, Jean-Luc Godard (décédé en septembre 2022) saluait la trace laissée par Jacques Rozier dans le cinéma français: "Quand Agnès Varda est morte, j'ai pensé: la vraie Nouvelle Vague, on n'est plus que deux. Moi et [...] Jacques Rozier qui a commencé un peu avant moi".

Le mouvement de la Nouvelle Vague, né à la fin des années 1950, entendait rompre avec les techniques cinématographiques classiques au profit de l'expérimentation et d'une approche individualiste, voire iconoclaste. Outre Jacques Rozier, ses figures les plus emblématiques sont Jean-Luc Godard, François Truffaut, Agnès Varda, Louis Malle, Claude Chabrol, Jacques Demy ou encore Eric Rohmer.

"Des cinéastes de la Nouvelle Vague, Rozier est celui qui divague. Celui qui aime que tout aille de travers, pour mieux alimenter son sens très particulier de la dramaturgie", a salué à l'annonce de son décès la cinémathèque française.

Il naît le 10 novembre 1926 à Paris. Diplômé de l'IDHEC (l'école de cinéma devenue la Fémis) en 1947, il est assistant de Jean Renoir pour "French Cancan" (1955), réalise des courts-métrages comme "Paparazzi" et "Le Parti des choses" (les deux en 1963) sur les coulisses du tournage du "Mépris" de Godard.

En 1962, sort son premier long-métrage, "Adieu Philippine". Chronique douce-amère de la jeunesse française, sur fond de guerre d'Algérie, il devient un des films phares de la Nouvelle Vague.

Succès pas au rendez-vous

François Truffaut et Godard le soutiennent. Pourtant, il n'a guère de succès. Même destin pour le film suivant, onze ans plus tard, "Du côté d'Orouët", récit (filmé en 16 mm initialement) d'une famille de la classe moyenne en vacances.

Jacques Rozier fait appel à Pierre Richard, alors vedette du cinéma hexagonal, pour jouer dans "Les Naufragés de l'île de la Tortue". Le film marche un peu mieux.

On y retrouve son humour teinté de cynisme et un goût pour les ambiances oniriques. Il raconte l'histoire de deux employés d'une agence de voyages qui lancent un nouveau concept touristique à la Robinson Crusoé. Au final, c'est le fiasco...

"Maine Océan" (1985) relate le voyage, ou plutôt la virée pataphysique dans l'ouest de la France de personnages farfelus: une chanteuse brésilienne, deux contrôleurs de train (Bernard Menez et Luis Rego), une avocate hystérique et un marin-pêcheur irascible.

afp/nr

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