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"Seule" de Jérôme Dassier, un thriller romantique aux relents de film noir

Asia Argento dans "Seule" de Jérôme Dassier. [Vega Distribution]
SEULE de Jérôme Dassier avec Asia Argento. / Vertigo / 6 min. / le 24 avril 2023
Dans le film "Seule" de Jérôme Dassier, la comédienne italienne Asia Argento campe une ex-agente de renseignement qui vit recluse dans son chalet isolé de Saint-Moritz. Un jour, elle découvre qu'elle est épiée et que son logement a été mis sur écoute. Mais qui l'observe et dans quel but?

L'intrigue de ce thriller prend place en 2008. Barack Obama est lancé dans la course à la présidence américaine avec, dans son équipe de campagne, un spécialiste des données et des réseaux sociaux qui s'avère être un espion à la solde des Russes. Le scandale est sur le point d'éclater, mais quelqu'un doit pouvoir confirmer cette histoire. Ex-agente de renseignement, Anne (Asia Argento), qui fut quelques années plus tôt en possession d'une vidéo pouvant tout expliquer, est contactée.

Très vite les choses se compliquent, surtout lorsque apparaît dans l'histoire son ex-officier traitant, accessoirement son ex-amoureuse Charlie (Jeanne Balibar). Sa voix ressurgit par téléphone, tour à tour autoritaire ou sensuelle, fragile ou solide.

Seule, aussi sur l'écran

Avec "Seule", le Franco-Suisse Jérôme Dassier, dont il s'agit du premier long-métrage en tant que réalisateur, a relevé le défi de tenir en haleine les spectateurs avec un dispositif fragile sur le papier, mais en béton sur la toile: durant tout le film, seule l'actrice Asia Argento s'affiche sur l'écran. Tous les autres personnages avec qui elle interagit ne sont que des voix téléphoniques. Et il n'est pas question pour elle d'appeler à l'aide, mais bien de prendre les bonnes décisions pour sauver sa peau.

A l'instar d'un Lino Ventura dans "Espion lève-toi" de Yves Boisset sorti en 1982 et tourné pour partie à Zurich, Anne (et les spectateurs et spectatrices avec elle) a toujours un temps de retard sur l'intrigue et ne sait jamais où ses choix vont l'emmener. On avance donc à tâtons dans ce film à suspense dont l'action se déroule en 2008. De fait, les caméscopes à mini-cassettes et les cabines téléphoniques publiques retrouvent des rôles de premier plan.

La grande Histoire et les grands sentiments se marient délicieusement dans ce long métrage puisque l'intime pourrait influencer l'universel, l'amour se plaçant au-dessus de la raison d'Etat. On croit sans peine à cette histoire d'amour inachevée tout comme l'on croit aussi à la fonction d'ex-agente d'Asia Agento, qui passe avec une rare fluidité de l'anglais à l'italien en passant par le français.

Asia Argento dans "Seule" de Jérôme Dassier. [Vega Distribution - Sava Hlavacek]

Retrouver l'envie de tourner

Après avoir traversé quelques années difficiles, Asia Argento admet avoir retrouvé son envie de jouer grâce à ce film de genre sur l'isolement et l'aliénation qu'il engendre. En découvrant le scénario, elle lui a trouvé des similitudes avec sa vie: "D'abord je me suis dit: 'mais je serai toute seule?' C'est difficile, il n'y a pas beaucoup de films où une actrice est toute seule sur l'écran. Je suis quelqu'un de très solitaire dans la vie, j'aime beaucoup ce sentiment depuis que je suis toute petite. (...) [Mais] j'ai adoré le scénario et j'avais envie de travailler avec Jérôme."

Chacun de leur côté, le réalisateur et l'actrice louent cette confiance mutuelle et "organique". "Son nom est arrivé assez vite (...), mais elle me faisait un petit peu peur. Je suis allée la voir chez elle et au bout d'une minute, je savais qu'on allait s'entendre", conclut Jérôme Dassier.

Sujet radio: Philippe Congiusti

Sujet TV: Oskar Rosetti, Julie Evard

Adaptation web: Melissa Härtel

"Seule: les dossiers Silvercloud" de Jérôme Dassier, avec Asia Argento, Jeanne Balibar, Joe Rezwin, à voir actuellement sur les écrans romands

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