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"L'amour du monde", une première fiction contemplative de Jenna Hasse

Image du film "L'amour du monde" réalisé par Jenna Hasse [Image de Presse de "VINCA FILM"]
L'invitée: Jenna Hasse, "Lʹamour du monde" / Vertigo / 11 min. / le 5 avril 2023
La cinéaste helvético-portugaise Jenna Hasse a réalisé "L'amour du monde", un premier long métrage de fiction inspiré de l'oeuvre littéraire du même nom, signée Charles Ferdinand Ramuz parue en 1925. Cette tragi-comédie a reçu la mention spéciale du jury à la Berlinale 2023.

Implantée sur les rives du Léman, l'histoire de "L'amour du monde" dresse le portrait de trois personnages solitaires et un peu perdus. Margaux, âgée de quatorze ans, stagiaire dans un foyer; Juliette, sept ans, placée dans le foyer en question et Joël, la trentaine, pêcheur fraîchement rentré d'Indonésie à la suite du décès de sa mère. Trois âmes qui vont se rencontrer et se soutenir mutuellement le temps d'un été.

Le décor? Un port de pêche idyl­lique et une nature sublime aux abords d'Allaman et d'Aubonne dans le canton de Vaud. Une Suisse romande moiteuse et estivale qui permet au trio de se former et de rêver ensemble d'un possible ailleurs.

Un besoin impérieux d'imaginaire

A l'instar du personnage de Margaux qui rêve de partir pour suivre les traces de Joël, la cinéaste Jenna Hasse confie dans le dossier de presse du film: "C’est en cela que l’envie d’ailleurs - que je ressentais aussi très fortement quand j’étais adolescente - est une quête personnelle. Ce que je voulais explorer dans 'L’amour du monde', c’est la force de l’imaginaire et de la fiction: l’ailleurs, c’est aussi et surtout ça; l’imaginaire et le besoin de fiction".

Image du film "L'amour du monde" réalisé par Jenna Hasse. [Vinca Films]

Présenté lors de la dernière Berlinlae, "L'amour du monde" a obtenu la mention spéciale du jury. Il aura pourtant fallu deux ans à la réalisatrice pour trouver le financement nécessaire à ce premier long métrage produit par Langfilm, coproduit par Galão com Açucar et la RTS.

Un chemin très long, qu'elle tente d'expliquer à la RTS par ses mots: "C'est une histoire qui a un rythme contemplatif, sans conflits évidents, tout est très en hors-champs. Je pense que les gens sont partagés, j'imagine que certains adorent et que d'autres n'arrivent pas à se reconnaître."

Une inspiration ramuzienne

L'inspiration principale de Jenna Hasse, n'est autre que le texte "L'amour du monde" publié en 1925 par l'écrivain suisse C.F. Ramuz. Elle le découvre à l'âge de seize ans à l'école. A partir de là, cette oeuvre qu'elle relira plus d'une vingtaine de fois ne cessera de l'accompagner et de l'inspirer. Le roman raconte le besoin d'imaginer par l'image un ailleurs possible et ce, grâce à l'arrivée du cinéma dans le Lavaux.

Au départ, la cinéaste admet sans détour qu'elle voulait adapter le roman au cinéma. Et puis, elle a réalisé que s'en inspirer pour en faire une histoire contemporaine et non pas un film d'époque était le meilleur moyen de déclarer son amour à la langue ramuzienne et de la faire découvrir au public d'aujourd'hui.

Avec un casting composé entre autres de Clarissa Moussa, Esin Demircan, Marc Oosterhoff, Pierre Mifsud et Mélanie Doutey, Jenna Hasse signe une oeuvre délicate, chorale et pleine de saudade.

Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert

Adaptation web: Layla Shlonsky

"L'amour du monde", de Jenna Hasse,  une production de Langfilm, coproduit par Galão com Açucar et la RTS. A voir actuellement dans les salles romandes.

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