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De "I'm Your Man" à "Hallelujah", l'histoire d'amour entre Leonard Cohen et le cinéma

Photo de Leonard Cohen [DR]
Leonard Cohen et le cinéma: une histoire d'amour qui se termine bien / L'Actu Musique / 9 min. / le 14 mars 2023
La célèbre chanson de Leonard Cohen "Hallelujah" a gagné en notoriété grâce à de multiples apparitions au cinéma et à la télévision. A l'occasion de la sortie d'un documentaire consacré au chanteur canadien et à son hymne le plus connu, tour d'horizon d'autres chansons du poète qui se sont invitées à l'écran.

"Hallelujah: Leonard Cohen, A Journey, A Song", documentaire signé Daniel Geller et Dayna Goldfine, est à voir actuellement sur les écrans romands. Il revient sur la longue carrière du chanteur et poète canadien, ainsi que sur la genèse de sa chanson la plus célèbre,'"Hallelujah", qui a connu une consécration planétaire après avoir été choisie sur la B.O. du film "Shrek" en 2001.

L'histoire d'amour entre Leonard Cohen (1936-2016) et le cinéma remonte au début des années 1970, avec le film de Robert Altman, "John McCabe". Dans ce western crépusculaire, porté par Warren Beatty et Julie Christie, Robert Altman emploie trois titres du chanteur canadien extraits de son premier album, "Songs of Leonard Cohen".

Le disque sorti quelques années plus tôt fait forte impression sur le cinéaste, au point qu’il structure le montage de certaines de ses scènes avec les compositions de Cohen.

A cette période, la musique folk triste et épurée de Leonard Cohen n’intéresse pas beaucoup d'autres cinéastes. Avec une exception notable: la nouvelle vague du cinéma ouest-allemand qui n’hésite pas à puiser dans les quatre premiers albums du chanteur. Et c’est Rainer Werner Fassbinder qui fait le plus recours au chanteur canadien, en faisant figurer "Suzanne", "Bird on a Wire" et "Chelsea Hotel", dans plusieurs productions de cinéma et de télévision, dont "Le droit du plus fort" (1975) et "Berlin Alexanderplatz" (1980).

Le tournant "I'm Your Man"

Produit en 1988, "I’m Your Man" marque un tournant dans la carrière du chanteur avec un premier succès à l’échelle internationale. A partir de là, le cinéma va employer bien davantage ses chansons. L’un de ses titres les plus célèbres, "Everybody Knows", connaît ainsi une belle exposition dans le film "Pump up the Volume" d'Allan Moyle (1990), où l'on voit Christian Slater dans le rôle d’un DJ de station radio pirate.

Ce titre vénéneux et dansant, qui installe Leonard Cohen dans sa posture de narrateur apocalyptique de son époque, fait quatre ans plus tard une incursion également très remarquée dans le long métrage "Exotica", d’Atom Egoyan. L'essor se poursuit dans les années 1990, avec "Tueurs Nés", signé Oliver Stone, qui recourt à plusieurs morceaux de l’album "The Future".

"Hallelujah", du rejet à la gloire

En 1991, à l’occasion d’une compilation hommage à Cohen produite par le magazine Les Inrockuptibles, John Cale reprend une première fois "Hallelujah", que Leonard Cohen a publié quelques années auparavant. Puis c’est au tour de Jeff Buckley, qui immortalise le titre sur son album "Grace". Peu à peu, "Hallelujah" fait son chemin dans les esprits, avant son explosion en 2001, quand le film d’animation "Shrek" popularise la version de John Cale.

À compter de là, le titre devient un véritable classique, dont on dénombre aujourd’hui pas moins de 300 reprises officielles. Une situation ironique pour Leonard Cohen: sa version d’origine de "Hallelujah", enregistrée en 1984 pour l’album "Various Positions", n’avait pas marché commercialement.

Dans les années 2000-2010, il n’est plus possible d’échapper à "Hallelujah", qui devient un standard des télé-crochets. On entend aussi le titre dans de nombreuses séries, que ce soit "Urgences", "Newport Beach", "Cold Case", "Numb3rs" ou encore "Les experts: Manhattan".

Un come-back triomphal

Ce déferlement amuse beaucoup Leonard Cohen qui traverse une passe difficile: ruiné par sa manager, il est obligé à 73 ans de sortir de sa retraite prématurée pour donner une série de concerts triomphaux. Il fait un come-back mondial fulgurant, enchaîne les disques et les tournées jusqu’à sa mort, qui survient en 2016.

Depuis, cinéma et télévision n’ont pas cessé de recourir aux chansons les plus anciennes du catalogue de Leonard Cohen. On relève ainsi quelques apparitions de ses dernières compositions, notamment dans la série "True Detective" qui convoque le titre "Nevermind" pour le générique de sa deuxième saison.

Une belle façon de rendre hommage au dernier chapitre de la carrière de Leonard Cohen qui aura réussi, pendant plus de quarante ans, à transcender les époques et à accompagner les séquences parmi les plus mélancoliques de l’histoire du cinéma.  

Sujet radio: Pascal Knoerr

Adaptation web: sc

"Hallelujah: Leonard Cohen, A Journey, A Song", documentaire de Daniel Geller et Dayna Goldfine à voir actuellement au cinéma

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