Jean-Jacques Beineix, réalisateur de "37°2 le matin", est décédé à 75 ans
Réalisateur poétique et esthétisant, parfois à l'excès pour ses détracteurs qui raillaient un style de "clip publicitaire", Jean-Jacques Beineix avait été récompensé en 1982 du César de la meilleure première oeuvre pour "Diva" avec Richard Bohringer (1980).
Mais il s'était surtout fait connaître du grand public avec "37°2 le matin" en 1986: adaptée d'un roman de Philippe Djian, cette histoire d'amour et de folie réunissait Jean-Hugues Anglade et Béatrice Dalle.
Nommé à neuf reprises aux César, "37°2 le matin" a aussi été nommé à l'Oscar du meilleur film étranger et a révélé Béatrice Dalle, qui incarnait le personnage de Betty. Le film a rencontré un important succès en salles et lors de ses multiples diffusions à la télévision.
>> La bande-annonce de "37°2 le matin":
Plusieurs échecs par la suite
Après "37°2 le matin" s'ensuivront plusieurs films, tous des échecs, dont "Roselyne et les lions" ou "La Lune dans le caniveau". En 2001, après neuf ans d'absence, il revient avec "Mortel Transfert", toujours avec Jean-Hugues Anglade, qui s'avère un échec critique et commercial complet. Il déclarait, d'ailleurs, que ce film, son dernier, l'endette fortement.
"J'ai toujours eu une sorte de doute par rapport au succès. (...) Je me suis toujours demandé ce qui allait me tomber dessus", avouait ce passionné de cinéma, de théâtre, de littérature, de BD, qui craignait aussi le succès : "Il y a un danger dans le succès, j'ai toujours pensé ça".
Une pièce et un roman
Egalement auteur de plusieurs documentaires, mais aussi producteur et scénariste, Jean-Jacques Beneix avait en outre été assistant-réalisateur sur des films de Claude Zidi comme "L'aile ou la cuisse" et "La couse à l'échalotte".
Jean-Jacques Beineix a également fait une incursion remarquée au théâtre, avec sa pièce sur Kiki de Montparnasse, égérie des plus grands peintres de son temps, et a plongé dans la littérature avec un roman, "Toboggan", "sur la chute d'un personnage qui a perdu la foi en l'humanité".
Autobiographie déguisée? Il disait avoir été mis de côté, au cinéma. "Le roman, c'est le seul endroit de liberté qui me reste", confiait-il.
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boi avec afp
"Zorg et Betty sont orphelins"
"Zorg et Betty sont orphelins", a réagi sur Instagram Béatrice Dalle, se souvenant du tournage comme l'une "des plus belles pages de ma vie". "Je t'aime", a-t-elle encore écrit à l'intention du réalisateur décédé.
L'actrice Romane Bohringer, dont le père Richard avait obtenu l'un de ses premiers rôles de cinéma dans "Diva", a elle aussi voulu dire "merci" au réalisateur : "Ce film a de fait changé nos vies et marqué mon enfance. J'en garde un souvenir ébloui".
Beineix avait "un cran, un style, une méthode, la grandiose assurance des entêtés", a de son côté salué l'ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob.
Gaumont et l'Académie des César lui ont rendu hommage sur Twitter. "Il était le cinéaste de toute une génération et avait abdiqué devant le fossé qu'il considérait s'être creusé entre lui et le cinéma. Nous lui devons pourtant de très grands films", a réagi la Sacd (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) sur les réseaux sociaux.