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Le LUFF fête ses vingt ans avec une programmation d'enfer

Julien Bodivit, directeur du LUFF. [Nirine Arnold Photography]
L'invité: Julien Bodivit, le LUFF à 20 ans / Vertigo / 18 min. / le 18 octobre 2021
Le Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF) se tiendra du 20 au 24 octobre 2021 dans différents lieux de la capitale vaudoise. Comme à son habitude, le festival propose une programmation hors norme, combinant cinéma et musique. Avec notamment la présence de la performeuse Lydia Lunch.

Voilà un festival qui a tenu ses promesses, même si chaque année cette petite structure basée sur le bénévolat doit retrouver la manne financière de l'année précédente. L'équipe peut compter sur quelques partenaires fidèles, comme la Loterie romande et la Ville de Lausanne, tandis que tous les sponsors privés se sont retirés.

Bon an, mal an, Le Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF) a résisté et fêtera ses vingt ans d'existence du 20 au 24 octobre. Mieux, depuis 2019, son succès va croissant, puisque près de 10'000 spectateurs se déplacent pour suivre concerts et projections.

Un film underground, c'est quoi?

En 2021, alors que les grands festivals s'ouvrent aux films de genre et parfois même les priment, comment définir un film underground? "Le cinéma underground est un cinéma qui refuse tout compromis afin d’être réalisé ou vu. Les films underground n’acceptent aucune limite, aucune censure, et présentent un point de vue innovant", explique dans un communiqué le LUFF, créé après le New York Underground Film Festival.

Son but? Aider et promouvoir des films inconnus des circuits de diffusion grand public, souvent expérimentaux. Le directeur artistique du LUFF, Julien Bodivit, ajoute encore un argument dans un entretien accordé à la RTS: "Un film underground doit gratouiller, et ne surtout pas aller dans le sens du poil. Il doit donner l'impression d'une expérience unique, d'un film jamais vu avant".

L'exemple est donné par le film d'ouverture, "After Blue" de Bertrand Mandico, déjà présenté en compétition à Locarno. Le film raconte, dans futur lointain sur une planète uniquement peuplée de femmes, comment Roxy, une ado, et sa mère Zora, doivent abattre une tueuse nommée Kate Bush avec leur fusil "Gucci" ou leur pistolet "Chanel".

Le film s'amuse à télescoper les genres, notamment le western, la science-fiction et l’heroic fantasy. "Mandico mélange toutes ces influences et va utiliser les codes du genre pour en faire un film très personnel", explique Julien Bodivit.

>> A écouter, l'interview de Bertrand Mandico :

Le réalisateur français Betrand Mandico au Festival du film de Locarno le 7 août 2021. [Keystone - Urs Flueeler]Keystone - Urs Flueeler
Bertrand Mandico "After blue (paradis sale)" / Vertigo / 21 min. / le 9 août 2021

Un film retrouvé de Georges A. Romero

Autre rendez-vous attendu et première suisse, "The Amusement Park" (1973), de Georges A. Romero, une parabole cruelle sur la vieillesse et une dénonciation par l'horreur d'une Amérique perçue comme un parc d'attractions consumériste. Pendant plus de quarante ans, on pensait ce film perdu. Une copie a été retrouvée en 2018 par la veuve du réalisateur de "La nuit des morts-vivants", puis remis en circulation.

"C'est un moyen-métrage devenu légendaire. "The Amusement Park" est un film de commande de l’église luthérienne au début des années 1970 qui voulait sensibiliser les gens autour des maltraitances envers les personnes âgées. Le film a été mis au placard, la communauté religieuse ayant été horrifiée par le film", détaille Julien Bodivit.

Reste une question: dans une période de grands mouvements d'indignation, comment programmer l'underground sans susciter des vagues de contestations? "Chaque film est un sujet de discussion. Mais il est clair que nous sommes beaucoup plus attentifs à ce genre de paramètres qu'il y a dix ans", conclut le directeur artistique du LUFF.

Propos recueillis par Rafael Wolf

Adaptation web: MCM

Le Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF) du 20 au 24 octobre.

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