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"Délicieux", la vraie fausse histoire de l’invention du restaurant

Grégory Gadebois et Isabelle carré dans "Délicieux" d'Eric Besnard [(c) Nord-Ouest Films - SND Groupe M6 - France 3 Cinéma - Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma - Artémis Productions - Jérôme Prébois]
L'invitée: Isabelle Carré, "Délicieux" / Vertigo / 16 min. / le 10 septembre 2021
Le cinéaste Eric Besnard narre la création du tout premier restaurant à l’aube de la Révolution française. Il puise dans la réalité historique autant que dans son imagination, en inventant notamment un personnage féminin incarné par Isabelle Carré.

Le film "Délicieux", à voir en ce moment dans les salles romandes, nous plonge dans la France du milieu du 18e siècle, juste avant la Révolution. Une période de bouleversements sociaux et politiques, qui a vu notamment la création du tout premier restaurant tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Pierre Manceron, interprété par Grégory Gadebois, est un cuisinier audacieux mais orgueilleux. Un jour, il est limogé par son maître, le duc de Chamfort. Mais la rencontre avec une femme étonnante (Isabelle Carré), qui souhaite apprendre l’art culinaire à ses côtés, lui redonne confiance en lui et le pousse à s’affranchir de sa condition de domestique pour faire sa propre révolution. Avec son apprentie, ils créent un lieu de plaisir et de partage ouvert à tout le monde: le restaurant.

L’histoire revisitée

Le cinéaste français Eric Besnard a romancé la réalité historique. "La démocratisation de la cuisine s’est passée à ce moment-là, mais pas exactement de cette manière", explique l’actrice Isabelle Carré à la RTS. "Le premier restaurant ne s’est pas créé en province, mais à Paris. Quatorze restaurants ont été inventés juste avant la Révolution française. Il reste encore aujourd’hui le Grand Véfour."

Ce qui est vrai dans ce film, poursuit-elle, "c’est que la grande cuisine était réservée aux nobles, que chaque château avait son cuisinier, et que c’était une arme d’apparat pour montrer sa puissance", alors que le peuple français mourait de faim.

>> A écouter, l'avis du critique Thomas Lecuyer sur le film "Délicieux" :

Grégory Gadebois et Isabelle carré dans "Délicieux" d'Eric Besnard [(c) Nord-Ouest Films - SND Groupe M6 - France 3 Cinéma - Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma - Artémis Productions - Jérôme Prébois](c) Nord-Ouest Films - SND Groupe M6 - France 3 Cinéma - Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma - Artémis Productions - Jérôme Prébois
"Délicieux", le conseil cinéma de Thomas Lecuyer / Vertigo / 2 min. / le 8 septembre 2021

Résonances actuelles

Dans "Délicieux", Isabelle Carré interprète une femme forte, déterminée. Mais la grande cuisine n’est pas à cette époque une histoire de femmes. "Elles avaient le droit de faire la soupe, et puis c’est tout", raconte l'actrice. Celle qu'elle incarne demande à être formée, à devenir apprentie, mais "à cette époque, elle n’y aurait pas eu droit". Un parti pris du cinéaste.

Outre cet éclairage féministe, Isabelle Carré voit d'autres liens avec la période actuelle. "Quand on a tourné le film, c’était au moment de la crise des Gilets jaunes. Donc il y avait beaucoup de résonances. Dans 'Délicieux', on parle aussi de produits du terroir, de jardin: c'est un thème qui intéresse les gens. Souvent, la fiction rejoint la réalité."

Propos recueillis par Anne-Laure Gannac

Adaptation web: Pauline Rappaz

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