Publié

L'acteur et réalisateur français Jean-François Stévenin est décédé

Jean-François Stévenin est décédé le 27 juillet 2021. [AFP - Martin bureau]
L'acteur Jean-François Stévenin est décédé mardi à 77 ans / La Matinale / 51 sec. / le 28 juillet 2021
Jean-François Stévenin est décédé mardi à 77 ans, a annoncé sa famille. Il avait commencé sa carrière chez Rivette et Truffaut avant de devenir un second rôle prisé du cinéma français puis un réalisateur culte en seulement trois films.

Rondeur de la silhouette mais regard intense de loup. Son visage était à la fois jovial et inquiétant, à l'image de ses rôles qui allaient de la comédie la plus farfelue aux thrillers les plus sombres. Jean-François Stévenin, indispensable second rôle du cinéma français, s'est éteint à l'hôpital à Neuilly (région parisienne), où il s'est bien battu", a affirmé à l'AFP son fils Sagamore Stévenin, également comédien.

Réalisateur de trois films considérés comme culte ("Passe montagne", "Doubles messieurs" et "Mischka"), Jean-François Stévenin était un acteur prolifique. Il a été vu dans des films aussi éclectiques que "L'argent de poche" de François Truffaut, "Une chambre en ville" de Jacques Demy ou "Le pacte des loups" de Christophe Gans.

Depuis l'automne, il jouait aussi dans le feuilleton quotidien de France 2, "Un si grand soleil".

Jean-François Stévenin, c'était aussi un cinéphile gourmand, amoureux du cinéma au point de quitter une femme qu'il était prêt à épouser pour désaccord profond autour d'un film, en l'occurrence "Voyage au bout de l'enfer" de Cimino qu'il adorait et qu'elle jugeait macho.

Parcours buissonnier

Né dans le Jura en 1944, cet ancien étudiant à HEC, au parcours romanesque et buissonnier, découvre les plateaux de cinéma lors d'un stage à Cuba... sur la production laitière. "Je ne savais rien faire, mais j'ai appris à parler espagnol très vite, et je me suis fondu dans l'équipe. Incognito", racontait-il.

Jean-François Stévenin, un petit air de Brando. [COLLECTION CHRISTOPHEL VIA AFP - ETIENNE GEORGE]

En 1968, il devient assistant d'Alain Cavalier sur le tournage de "La Chamade". "Pendant dix ans, j'étais assistant, je n'avais jamais pensé à jouer. (...) Et dans 'Out One', de Jacques Rivette, où Juliet Berto avait dit: "C'est drôle, l'assistant ressemble à Brando, pourquoi il ne jouerait pas Marlon? La scène a été gardée au montage", se souvenait-il en 2000 pour Libération.

Chez Godard ou Blier

En quelques décennies, il devient une figure familière du cinéma français. Dans les années 1980, il tourne sous la direction de Jean-Luc Godard ("Passion"), Bertrand Blier ("Notre histoire") et Catherine Breillat ("36 Fillette").

Puis viendront les films à plus grand succès comme "Le Pacte des loups", où il joue avec Vincent Cassel et Samuel Le Bihan, ou encore "L'Homme du train" réalisé par Patrice Leconte.

Prix Jean Vigo d'honneur

Son travail de cinéaste lui vaudra en 2018 un prix Jean-Vigo d'honneur qui lui a été remis par un autre électron libre, Agnès Varda. Cette récompense distingue l'indépendance d'esprit, la qualité et l'originalité.

Ses films, où la nature est très présente, sont marqués par le cinéma de Cassavetes et, comme le cinéaste américain, il aimait à filmer ses proches. Il est père de quatre enfants, tous acteurs: Sagamore, Robinson, Salomé et Pierre.

Son dernier film, "Illusions perdues" de Xavier Giannoli, adapté de Balzac, doit être présenté en septembre au festival de Venise.

ats/aq

Publié