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Françoise Arnoul, actrice star des années 50, est morte

Françoise Arnoul en 1954, à Londres. [INTERCONTINENTALE / AFP]
Hommage à Françoise Arnoul / Vertigo / 2 min. / le 20 juillet 2021
L'actrice Françoise Arnoul, sex-symbol des années 1950 et étoile du célèbre "French Cancan" de Jean Renoir, est décédée mardi à l'âge de 90 ans. Au-delà de sa carrière comprenant 86 films, elle fut aussi une femme engagée.

La comédienne Françoise Arnoul, décédée mardi à 90 ans, fut un sex-symbol des années 1950, choisie par Jean Renoir pour incarner l'éblouissante Nini de "French Cancan", l'un de ses chefs-d'oeuvre. "Elle a la légèreté d'une libellule", confiait Renoir à la sortie du film.

L'oeil rieur et la silhouette fine, elle a joué la femme-enfant vénéneuse dans "Le Fruit défendu" d'Henri Verneuil (1952), l'espionne, sanglée d'un ciré noir, dans "La Chatte" d'Henri Decoin (1958), la maîtresse frivole et dépensière d'un Delon juvénile dans "Le chemin des écoliers" (1959) de Michel Boisrond, laissant aux cinéphiles le souvenir d'une scène inoubliable, celle où Delon dessine sur ses jambes la couture des bas qu'il ne peut lui offrir.

Avec humour, elle disait d'elle en 1993 dans un entretien à la RTS, où elle parlait plus des autres que d'elle-même: "Je suis la femme qui a joué beaucoup de scènes dans un lit".

Françoise Arnoul et Alain Delon Dans "Le chemin des écoliers". [COLLECTION CHRISTOPHEL VIA AFP - S P C E / FRANCO LONDON FILMS / M]
Françoise Arnoul et Alain Delon Dans "Le chemin des écoliers". [COLLECTION CHRISTOPHEL VIA AFP - S P C E / FRANCO LONDON FILMS / M]

Une enfance en Algérie

Née le 3 juin 1931 à Constantine (Algérie), fille d'un général d'artillerie, Françoise Gautsch - elle adopte pour pseudonyme Arnoul, l'un des prénoms de son père - passe son enfance en Algérie et au Maroc avant de s'installer à Paris avec sa famille à l'âge du lycée.

A 17 ans, comme de nombreuses filles de cette époque, elle rêve de cinéma et suit des cours d'art dramatique, soutenue par sa mère qui a elle-même eu une brève carrière de comédienne avant de se marier. Sa première réplique, dans "Rendez-vous de juillet" de Jacques Becker (1949), est coupée au montage, raconte-t-elle dans "Animal doué de bonheur", ses souvenirs publiés en 1995.

Elle joue, chante et danse

Elle décroche son premier rôle dans "L'Epave" de Willy Rozier, un drame réaliste où elle incarne une danseuse. Encore mineure, elle est doublée pour une scène très déshabillée. La célébrité lui vient dès son deuxième film, "Nous irons à Paris" de Jean Boyer (1950), comédie musicale pleine d'entrain avec l'orchestre de Ray Ventura et ses collégiens où elle chante l'espiègle "A la mi-août".

Outre Renoir, Verneuil et Decoin, elle tourne avec Roger Vadim ("Sait-on jamais", 1957) ainsi que Pierre Kast ("La morte saison des amours", 1960, "Vacances portugaises", 1962), Julien Duvivier ("Le Diable et les dix commandements", 1962), Sacha Guitry ("Si Versailles m'était conté") ou Marcel Carné ("Le pays d'où je viens", 1956). Elle a pour partenaires Fernandel, Bourvil ou Jean Gabin, auquel elle voue "une tendresse infinie". Le cinéma français en fait son ambassadrice, aux côtés de Gérard Philipe et Jean Marais, en envoyant une délégation en Californie.

Françoise Arnoul en 1954, à Londres. [INTERCONTINENTALE / AFP]
Françoise Arnoul en 1954, à Londres. [INTERCONTINENTALE / AFP]

A son mariage le 31 juillet 1956 avec le producteur Georges Cravenne, futur créateur des César du cinéma, Pierre Lazareff et Maurice Chevalier sont ses témoins. Le couple divorce huit ans plus tard. Elle est ensuite la compagne de Bernard Paul, cinéaste communiste engagé avec lequel elle fonde une maison de production. Pour lui, elle met sa carrière entre parenthèses, "j'ai toujours fait passer ma vie privée avant ma carrière". Il l'invite néanmoins à jouer dans "Dernière sortie avant Roissy" (1976), film lucide sur le malaise des banlieues.

Amie de Simone Signoret, proche d'Yves Montand et Serge Reggiani, Françoise Arnoul s'engage dans les combats de l'époque, signe en 1971 le "manifeste des 343" pour la libéralisation de l'avortement et tourne avec Raul Ruiz "Dialogues d'exilés" (1974), allusion à Bertold Brecht.

Supplantée par Bardot

Peu à peu, elle quitte le haut de l'affiche. Brigitte Bardot et sa sensualité décontractée l'ont supplantée, la Nouvelle Vague l'a délaissée et les années 1970-80 l'oublient. Elle tourne pour la télévision, fait quelques apparitions au théâtre. En 1997, sa prestation dans "Post coïtum, animal triste" de Brigitte Roüan est saluée par la critique. Sa dernière apparition au cinéma remonte à 2016, elle était dans "Le Cancre" de Paul Vecchiali qui dit d'elle: "J'aime sa délicatesse, son intelligence et son engagement".

Françoise Arnoul en 2017 au Festival de Cannes. [AFP - Philippe Lopez]
Françoise Arnoul en 2017 au Festival de Cannes. [AFP - Philippe Lopez]

Elle qui disait que "le temps qui passe n'est jamais du temps perdu car à chaque seconde il se passe quelque chose" a toujours voué la même passion au cinéma, découvert quand elle était petite. Les festivals, du plus prestigieux comme Cannes, où elle préside en 1997 la Caméra d'or, aux plus modestes, accueillent volontiers celle qui disait rester "une spectatrice émerveillée, une groupie absolue".

Marie-Claude Martin avec les agences

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